En 2013, les prairies humides et la tourbière des Guillemins sur les communes du Bizot et du Mémont, étaient devenues un espace naturel déséquibré et menacé. Les trop importants prélèvements de tourbe et le drainage de la zone avaient modifié l’écosystème et son régime hydrologique. L’eau n’était plus retenue et participait aux épisodes de surinondation, partant directement dans les dolines avoisinantes puis dans le Dessoubre, la rivière proche, sans avoir le temps d’être filtrée. Au passage, elle traversait les déchets entassés dans les dolines, emmenant directement les divers polluants dans la rivière.
« En plus le drainage n’a pas vraiment fonctionné car la zone est trop humide » indique Bérénice Ibled, chargée de mission du Département du Doubs pour les Espaces naturels sensibles. Depuis 2013, le Département a entrepris de restaurer les tourbières avec l’appui du Conservatoire des espaces naturels qui a rédigé le plan de gestion et apporté son soutien scientifique. En 2020, « on a réhabilité la tourbière pour permettre la rétention des eaux et ça a tout de suite eu des effets. En 2021, on a nettoyé les dolines et retiré 250 tonnes de déchets ! » Des palissades ont été installées dans le sol afin de retenir l’eau et relancer la création de tourbe.
Les pâturages adjacents ont été confiés à deux jeunes agriculteurs pour éviter l’enfrichement et garder l’ouverture paysagère. Ils ont signé un bail rural à clause environnementale (interdiction de retourner les sols, fauche tardive, pâturage extensif de juillet à octobre). Une concertation avec les propriétaires forestiers a permis de limiter l’impact de l’exploitation des boisements.
Eviter, réduire, compenser
Ce site du Bizot, considéré comme zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique s’inscrit dans le schéma départemental des espaces naturels sensibles du Doubs. « Il y en avait 56 au départ du schéma défini en 2007 précise Bérénice Ibled. Aujourd’hui, 31 sont actifs, c’est-à-dire dotés d’un plan de gestion car après l’état des lieux initial, il faut pouvoir intervenir. Au Bizot, le Département a pu acquérir des terrains en 2013, mais cela ne suffit pas car le plan d’action ne peut se faire qu’en concertation avec les élus et les acteurs locaux. L’objectif étant le long terme, il ne peut que passer par une appropriation locale de la démarche ».
Sur les sites où ils interviennent, le Département du Doubs et ses partenaires sensibilisent les propriétaires privés et la population. « A Bremondans, il y a un papillon protégé. Les habitants ont pris l’habitude d’en parler aux visiteurs » cite Bérénice Ibled en exemple. Dans certains espaces, le Département aménage des sentiers pour minimiser l’impact des promeneurs. « La sensibilisation est fondamentale, mais c’est un travail de patience » estime Bérénice Ibled.
En matière d’espace naturel sensible, chaque Département définit sa politique. L’objectif est la conservation de la biodiversité, avec une obligation d’ouverture au public, de manière variable en fonction de la zone.
« Lorsqu’on définit un ENS, on réalise un état écologique du site et on regarde comment il se positionne sur les plans socio-économique et socio-culturel puis on définit un plan d’action pour la préservation des milieux naturels en relation avec l’activité humaine ». Le Dépar-tement dispose de deux outils pour cette mission, une taxe d’aménagement sur les constructions et extensions de bâtiment et un droit de préemption, très peu utilisé dans le Doubs.
« En terme de sites naturels, il est toujours plus facile de détruire que de réhabiliter. Mais nous sommes là pour trouver des solutions, pas pour juger, car tout le monde a participé à l’état actuel. » Pour cette raison, le principe préconisé par l’Etat est désormais éviter, réduire, compenser : éviter au possible les atteintes à l'environnement, réduire celles qui n'ont pu être évitées et compenser les effets qui n'ont pu être ni évités, ni suffisamment réduits.
S.P.
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