Aurélien Bertini revient tout juste de Brest et du festival de la radio et de l’écoute. L’une de ses créations a figuré dans la sélection de 10 enregistrements au milieu de sons de radios à notoriété nationale. S’il n’a pas remporté le premier prix, l’anecdote met en évidence la qualité des projets sonores de
Radio Campus. En plus de leurs émissions et reportages hebdomadaires, Aurélien et son collègue Claude Gouin trouvent le temps de mener des reportages sur des sujets qui les passionnent. Claude vient par exemple de faire venir en Franche-Comté Emilie Maj, une ethnologue spécialiste des Iakoutes, pour plusieurs soirées autour de la culture de ce peuple sibérien et notamment du chamanisme.
«Tout est parti d’un séjour que j’ai effectué chez un chamane Kichwa en Equateur. Il faudrait plutôt dire «harmonisateur» car le chamanisme est vraiment spécifique à la Sibérie. J’y suis allé avec l’ONG Arutam qui défend les peuples d’Equateur contre la déforestation. J’ai découvert les chants du chamane pendant une cérémonie de soins, dont j’ai extrait une pièce sonore, «le Chant de l’anaconda»». Cela pourrait paraître loin de nos préoccupations, ce qui n’est évidemment pas le cas.
«Les problèmes des peuples premiers comme la déforestation ou la dépossession pour du pétrole ou du gaz sont les nôtres. Et puis il y a des traditions telle que le chamanisme que certains s’approprient en les vidant de leur sens ou en ne retenant que l’aspect folklorique. Une tradition est liée à un territoire et un peuple, sinon elle n’a plus beaucoup de sens. Il faut en parler en la replaçant dans son contexte, en l’ancrant dans sa réalité». Pour eux, ces projets sonores sont une manière d’aborder le journalisme de manière documentaire, à base de recueil de la parole des gens.
En 2011, Aurélien Bertini est parti en Chine avec la photographe Magali Jeanningros. Ils en ont rapporté un travail visuel et sonore sur la place de la femme dans les minorités chinoises. L’expo qui en est tirée a eu un certain succès à Lons et à l’IUFM de Franche-Comté. Elle est de nouveau présentée à la Maison des étudiants, à Besançon, au mois de mars.
«On s’est immergés dans une société où il y a beaucoup de disparités, très masculinisée, où les femmes sont peu considérées. Les photos qu’on a ramenées sont accompagnées d’instantanés sonores». Là encore, l’idée était aussi de connecter le lointain au proche.
«En parallèle, j’ai récolté les impressions de femmes du quartier de Planoise, à Besançon», pour, là aussi, de s’interroger sur la place des femmes.
Les projets ne manquent pas. Un parcours sonorisé dans Besançon est en cours d’élaboration. Autre idée originale, une création sonore à partir de recueil de témoignages dans le quartier de Montrapon. Il en sera tiré un spectacle joué par une comédienne au mois de juin. Affaires à suivre.
Stéphane Paris
CD
« Memoria Kichwa » disponible sur
hoka.free.fr
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