Les rivières n’ont plus de secrets pour eux. À bord de leur kayak, Marlène Devillez et Nicolas Caussanel les parcourent depuis leur plus jeune âge. Pour Marlène, l’aventure commence près de Besançon, à Voray-sur-l’Ognon, où ses parents l’inscrivent au club du village alors qu’elle a sept ans. Nicolas suit le même chemin en donnant ses premiers coups de pagaies dans le sud de la France. 25 ans plus tard, le palmarès du couple de kayakistes est impressionnant. Trois titres de championne d’Europe et deux fois vice-championne du monde de kayak freestyle pour Marlène. Nicolas, en kayak extrême, a été champion d’Europe et se classe parmi les dix meilleurs mondiaux de sa discipline.
En passant une grande partie de leur vie sur l’eau, le couple se sensibilise, sans vraiment en avoir conscience, à l’environnement. « Pour s’entraîner on regarde les niveaux d’eau. On fait attention à la pluie, aux inondations, aux sécheresses. Plus les années avançaient, moins les conditions étaient favorables, avec soit un manque d’eau, soit des crues trop violentes » rapporte Marlène.
Prise de conscience
En 2018, l’impact de la sécheresse sur le Doubs est l’épisode de trop, celui de la prise de conscience. « Une rivière disparaît, tout le monde en parle et pourtant, comme beaucoup de personnes, nous ne faisons rien pour changer nos habitudes concernant l’eau. » Marlène, qui a suivi une formation d’hydrogéologue à l’université de Franche-Comté, a étudié le phénomène de près mais se sent démunie. « Je savais très bien ce qui se passait, mais je n’avais pas vraiment de clés concrètes pour agir au quotidien. »
Avec son compagnon Nicolas, les discussions tournent régulièrement autour de l’eau. « En tant qu’hydrogéologue j’observe les réserves souterraines et les schémas montrent que des manques se feront ressentir rapidement. Nicolas, lui, était guide de kayak en Norvège. Ses clients s’étonnaient de ne pas toujours emprunter le même parcours. Même là -bas certaines rivières sont à sec. »
Réalisation d’un documentaire
Pour sensibiliser le plus de monde possible, un projet de documentaire est lancé en 2019. « Les chaînes TV ne nous on pas suivi. Pour elles, le réchauffement climatique n’était pas un bon sujet, il faisait peur aux gens. » Les deux kayakistes procèdent alors à un financement participatif et le budget est réuni en seulement un mois. Leur film Rivières, les sentinelles du réchauffement aborde les effets du changement climatique pour les populations habitant au bord des rives. Il est tourné dans le Doubs, au Chili et en Norvège. « Les problèmes diffèrent suivant les régions. Au Chili par exemple, cela est presque positif car ils peuvent désormais cultiver de la vigne. »
Les deux kayakistes espèrent qu’avec cette communication, chacun se sente concerné et trouve des solutions. « Si on n’est pas positif, on ne fait plus rien. Il ne faut pas baisser les bras. » De leur côté, Marlène et Nicolas ont adapté leur quotidien. Les deux champions se sont installés un temps en camping-car pour réduire leur empreinte carbone. Et pour éviter des voyages en avion, ils se sont installés en Norvège, pays offrant de bonnes conditions d’entraînement tout au long de l’année.
Benjamin Cornuez
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