Parmi les multiples reportages d’Odil, tous accessibles gratuitement en ligne, on trouve
"Rèvalter" à propos de jeunes du Morvan passionnés de musiques et danses traditionnelles ;
"Paysage", portraits d’une ancienne postière, d’une dessinatrice et d’un cantonniers croisés sur le Mont Beuvray ou la série
"Interférences" qui va à la rencontre d’initiatives locales. Odil s’intéresse à ceux qui font vivre le territoire de Saône-et-Loire, de manière passionnée et parfois contre vents et marées à l’image de
Denis qui a ouvert un café-librairie à Epinac.
A l’origine de ce « média d’action », Laëtitia Déchambenoit et Benjamin Burtin. Ils accueillent dans un local chaleureux au centre de Montceau. Il comprend bar, studio radio, espace pour accueillir des ateliers, des petites formes de spectacles, des conférences, des débats, des résidences d’artistes ou de journalistes, puisqu’il est équipé du matériel nécessaire à la production.
Laëtita a fait des études en sciences politiques et les beaux-arts à Chalon-sur-Saône, Benjamin vient de l’école du punk et du rap. Leurs activités sont essentiellement autodidactes.
« On vient du milieu artistique avec une sensibilité sociale » résument-ils. Odil s’est construit pas à pas, au fil de discussions, d’intuitions, d’envies.
« L’idée a germé vers 2015 raconte Laëtita.
On était dans un cours de court métrage et on a parlé de faire des vidéos en Saône-et-Loire sur la société, la culture, le sport. Petit à petit, on a commencé à produire du contenu puis à lancer une web TV et, à partir du premier confinement, à concevoir un projet pour évoluer vers un site de média global. » Autour de Laëtitia et Benjamin s’est constituée une
« petite communauté de gens qui nous soutiennent ». Parmi eux, Caroline Darroux, ethnologue et autrice, présidente et cofondatrice de l’association.
La structure a rapidement évolué. Aujourd’hui, le contenu éditorial associe vidéo, podcasts audio, écrit. Les sujets prennent toutes les formes, documentaires, reportages, débats, micro-trottoirs. Odil est même passé à la presse papier avec "Papier", magazine à parution indéterminée dont le premier numéro est paru en mai 2021 sur le thème « habiter les ruines ». Le 2e est prévu prochainement autour de « vivre avec le trouble ».
« Le papier est un prolongement que l’on aime bien, mais cher. On a tiré le premier numéro à 500 exemplaires et on a travaillé à perte ». A l’image de ce que propose Odil, le magazine mêle poésie, récits, journalisme, sciences sociales et coups de gueule sur un ton antinéolibéral.
« On est les islamo-gauchistes de Montceau-les-Mines » s’amusent-ils. Plus sérieusement, le concept de média d’action est décrit sur le site : « À la croisée du récit, des sciences sociales et de l’éducation populaire, une agence de créatifs engagés, produisant des formes narratives au service de tous. » Dit autrement :
« On veut rendre accessible certains contenus des sciences sociales. Il n’y a pas de raison que seuls les experts aient accès aux stratégies de résistance ».
Fil conducteur sous-tendu par la prédilection pour des valeurs de solidarité, d’entraide, d’action commune, de courage : le territoire et surtout les gens qui le font vivre, ce qui
« n’est pas facile ici ».
« Mais on aime cette ville et son histoire, représentative de plein de villes ouvrières et de leurs populations issues de vagues migratoires. Nos magazines parlent avec des gens du territoire, des pros et des pas pros. Dans toutes nos formes, on veut donner la parole aux gens, notamment à ceux qui ne l’ont pas et les encourager à le faire. Prendre la parole, c’est reprendre du pouvoir sur sa vie et s’émanciper ».
Effectivement, leurs reportages aiment laisser parler, être à l’écoute. Le prolongement semble naturel :
« On a lancé des ateliers où l’on fait de l’écriture, de la vidéo, de l’éducation aux médias. Le média n’est pas une fin en soi mais il nous permet de rassembler tout ce qu’on aime faire dans un projet ». Organisation de débats et d’ateliers, projets d’action culturelle à l’image de
Pépites, restauration de vieilles pellicules mené avec le cinéma d’Autun, etc. : Laëtitia et Benjamin manquent beaucoup moins d’idées que de temps, la structure permettant pour l’instant de dégager 1,5 équivalent temps plein.
« On est hyperactifs du cerveau, dans une sorte de recherche et développement non stop ! sourient-ils.
Quatre ans d’existence, c’est peu, mais on a évolué vite. Mais c’est seulement maintenant que les gens comprennent ce qu’on fait ».
S.P.
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