Une femme sur dix en âge d’être réglée est victime de « précarité menstruelle ». Autant de femmes qui peinent à se procurer des protections intimes lorsqu’elles ont leurs règles, que ce soit pour des raisons financières, sociales, d’accessibilité… Des difficultés auxquelles n’échappent pas les étudiantes de la région, d’autant plus depuis le début de la crise sanitaire. Face à ce constat, les universités de Bourgogne et de Franche-Comté ont lancé, début mars, une collecte de protections périodiques. Des boîtes fournies par l’association Le Zonta ont été déposées sur 7 sites universitaires, à Dijon, Besançon, Vesoul, Montbéliard et Belfort, dans les BU ou encore les maisons de l’université. Tampons, serviettes, protège-slips, coupes menstruelles… Au total, près de 3 000 produits ont été collectés.
Des distributions courant avril
Ces protections ont été remises, ce jeudi 31 mars à Besançon, aux associations et syndicats étudiants. Elles seront redistribuées aux étudiantes. Depuis le début de l’année, la Baf, fédération des étudiants de Franche-Comté, et la CGT des salariés étudiants, ont déjà organisé des distributions de « kits d’hygiène », souvent en même temps que celles des colis alimentaires. « Certaines n’osent pas se servir, mais quand on leur dit que c’est gratuit, elles les prennent », note Elsa, de la Baf. La précarité menstruelle, et les règles en général, restent en effet des sujets tabous et stigmatisants. « D’où l’intérêt de ‘profiter’ des distributions alimentaires pour donner ces produits », souligne Inès Laville, référente égalité et parité au sein de l’université de Franche-Comté. C’est ce que fera de nouveau la Baf les 6 et 20 avril prochains, notamment à la Maison des étudiants de la Bouloie et à la Cale à Besançon.
Des distributeurs de tampons et serviettes sur les campus à la rentrée ?
De son côté, la CGT prévoit une distribution spécifique, couplée à celle de masques, à la faculté des lettres et aussi à la Bouloie dans les semaines à venir. Mais le syndicat plaide pour des dispositifs « pérennes ». En ce sens, le ministère de l’Enseignement supérieur a annoncé, en février, l’installation de distributeurs de protections périodiques sur tous les campus de France à partir de septembre prochain. Ces produits seraient gratuits, grâce à des dotations spécifiques accordées aux Crous. « Il ne faut pas que ces distributeurs soient uniquement dans les résidences universitaires, prévient Wiam, de la CGT, mais plutôt dans les lieux d’étude ». À l’université de Franche-Comté, le projet est en réflexion.
« Un premier pas »
Selon une étude de la Fage, parue à la fin de l’année dernière, 13 % des étudiantes ont déjà dû choisir entre l’achat de protections périodiques et d’autres biens de première nécessité, car chacune dépense en moyenne au moins 10 € par mois pour ces produits. 60 % d’entre elles ont déjà manqué des cours à cause de leurs règles. Comme l’a souligné jeudi Caroline Terrand, directrice régionale à la DRDFE, « la précarité menstruelle peut donc avoir des impacts sur la santé et la réussite universitaire ».
« Cette collecte et les annonces gouvernementales ne sont qu’un premier pas pour lutter contre la précarité menstruelle, alerte Anne Tatu, vice-présidente à la vie étudiante de l’Université de Franche-Comté, nous devons faire de ce sujet tabou un sujet visible. »
Camille Jourdan
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