Les vélos pointent de nouveau leurs guidons dans le nord Franche-Comté, zone où la tradition des cycles s'était, comme partout, un peu perdue. Ce n'est pas un hasard si l'ensemble des soutiens accordés par la Région à l'aménagement d'itinéraires adaptés à l'utilisation du vélo concernent pour l'instant la zone Belfort-Montbéliard-Héricourt. Ce qui correspond à 5 millions de francs pour la période 1995-98. Les réalisations effectuées ne sont encore que des prémices, mais elles révèlent que les usagers de la bicyclette y sont désormais pris en compte, ce qui n'était pas le cas il y a quelques temps. D'abord volonté politique d'élus locaux, le retour du vélo dans les pratiques quotidiennes s'explique aussi par des raisons historiques. Daniel Droz-Vincent, chargé d'études à l'Agence urbaine du District urbain du Pays de Montbéliard, en voit trois : «une tradition de pratique, avec des clubs sportifs comme celui d'Etupes, une autre tradition liée à la fabrication de cycles et un territoire déjà prêt». La zone urbaine de Montbéliard possède en effet l'avantage de «comporter des tracés existant sur des itinéraires appropriés» : les chemins de halage le long des canaux, les voies construites à l'époque du tramway ou enco-re les anciens chemins de fer industriel ont laissés des emprises non utilisées et disponibles, que les cycles empruntent déjà et qui demandent encore à être aménagés.
En termes de vélo, l'Agence urbaine est chargée de définir un schéma cyclable à l'échelle de Montbéliard, dans le cadre d'une recherche de déplacement urbains alternatifs aux voitures. En cours d'élaboration, ce schéma aura une vocation surtout indicative. En effet, ce sont les communes qui ont compétence pour réaliser les aménagements nécessaires, et dans le cas de la zone urbaine, le DUPM est une instance servant plutôt à une mise en cohérence des projets - ce qui est loin d'être effectif selon le CESR. Un signe cependant, des 28 com-munes concernées, quàsiment toutes réalisent des pistes cy-clables à l'occasion de réaménagements de voirie. Du coup par coup mais qui, peu à peu, devrait aboutir à un véritable réseau. «Du reste, il ne s'agit pas forcément d'aménagements spécifiques pour les cycles. Il faut simplement se préoccuper, au moment où s'effectuent ces réalisations, de ces usagers, de leur sécurité et des possibilités de circuler qui leur sont laissées. Ce qui n'a plus été le cas pendant quelques années».
Un exemple, la création d' «avenues vertes», qui associent les liaisons douces, c'est-à-dire piétons et cycles, leur permet-tent de retrouver une place dans l'environnement urbain. «Il faut aussi signaler que cette redécouverte du cycle est encouragée dans le secteur par «la coulée verte»; une réalisation qui a un peu mis tout le monde en appétit». Cet itinéraire de promenade et de loisirs relie pour l'instant Essert, à l'ouest de Belfort à Fesches-le-Châtel et à Montbéliard. Soit 14 kilomètres dans le Territoire de Belfort et une dizaine dans le Doubs, qui offrent une piste cyclable et piétonne mais également des possibilités d'itinéraires équestres. Cyclistes mais aussi randonneurs, promeneurs ou joggers, clubs sportifs et familles, ont tout de suite adopté cette «coulée verte», qui com-porte toutes sortes d'aménagements fonctionnels ou conviviaux : signalétique, aires d'accueils, parkings, bancs, plantations... et revêtement sablé pour éviter les vitesses excessives des deux roues. «Elle est énormément utilisée, c'est étonnant, témoigne Alain Rollet, du service environnement du Conseil général du Territoire de Belfort. Le week-end, c'est souvent bondé, et pas seulement lorsqu'il fait beau». Le Conseil écono-mique et social régional, qui a mené une étude sur le vélo en Franche-Comté, confirme qu'il
«s'agit d'un succès qui révèle l'attente du public en matière d'aménagements de ce type. C'est, à l'échelle de la Franche-Comté, un équipement emblématique en ce sens qu'il constitue déjà la traduction concrète d'une coopération entre collectivités, qu'il ouvre des perspectives de coopérations plus larges encore et qu'il peut constituer l'amorce d'un réseau cyclable régional».
Le Conseil régional a d'ailleurs engagé 975 000 F en 1995-96 pour cette réalisation financée également par le Feder et, pour les parties qui les concernent, par le Département du Territoire de Belfort et le DUPM. Cette réalisation décidée en décembre 92 et dont la dernière tranche a été achevée au printemps 97, pourrait trouver quelques prolongements : au nord, en direction du site du Malsaucy, c'est déjà prévu. Mais des liaisons avec les réseaux Suisses et Alsaciens où avec la Haute-Saône, ou encore une poursuite de l'aménagement en direction de la vallée du Doubs peuvent être facilement imaginés. «La coulée verte» a d'ailleurs déjà eu son effet incitatif sur certaines communes proches du parcours, qui ont pris l'initiative de réaliser des embranchements à cette voie. La dynamique semble enclenchée : dans le Territoire de Belfort, la «coulée verte» a été suivie en 95 d'un schéma directeur départemental du réseau cyclable, à vocation cette fois plutôt urbaine et axée sur le vélo comme moyen de déplacement alternatif à la voiture.
S.P.
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