Est-ce que vous sentez venir la fin de la presse papier ?
Les experts disent qu’elle en a pour moins de 10 ans. Elle correspond à une génération, et va s’éteindre avec. Cela va se passer dans les 10 prochaines années. Le coût de revient de la presse papier est très élevé (écrire, imprimer, distribuer et vendre), et le nombre de lecteurs se contracte, le coût de production d’un journal deviendra donc insupportable. Un journal, c’est une marque, et elle ne disparaît jamais. La marque, on la vend aux gens. L’enjeu, c’est donc d’imaginer un modèle rentable après celui du papier. Le monde de l’information n’est pas en crise, il est en mutation.
Quelles audiences réalisez-vous avec le journal et le site internet ?
Nous vendons moins de journaux qu'il y a quelques années ; dans le Jura, nous en sommes à 20 000 par jour, mais chacun est lu par environ 8 personnes. C’est surtout avec notre site internet que nous réalisons la plus grosse audience, la plus grande de toute la presse quotidienne régionale. Avant les journalistes passaient leurs journées à écrire pour le papier et n’alimentaient le site que s’ils en avaient le temps. Aujourd’hui, c’est l’inverse, on privilégie internet par rapport au journal papier. Il y a des choses que l'on faisait et que l'on ne fait plus.
Êtes-vous parfois informés d’un événement par les réseaux sociaux ?
On est informé par les réseaux sociaux et on fait appel à eux pour avoir des informations. On s’en sert pour avoir de l’info ou pour développer une que l'on a déjà, avec les retours et les témoignages. Parfois, on a l’info via les réseaux sociaux. Mais ce n’est pas grave, car l’info est dans la rue et cela depuis la nuit des temps. C’est l’ancêtre des réseaux sociaux. Maintenant, c’est sur internet, mais le métier est le même. C’est une corde de plus, car avec les réseaux sociaux, on peut toucher plus large. On en est demandeur, et on s’y est adapté… On a un fil rouge, un forum, des comptes Facebook, pour toucher les gens et s’adresser à eux.
Quel est l’avenir du métier de journaliste ?
Dans un monde où l’information est partout, où tout le monde la recherche, le journalisme a un avenir. De plus en plus de gens se lancent dans le métier, il n’y en a jamais eu autant. Mais le métier évolue et doit se moderniser en utilisant différents outils de travail. Avant, on allait dans la rue avec un bloc-notes, alors qu’il y a aujourd’hui plein de facettes. On est au carrefour entre le vieux monde de la presse et le monde moderne qui reste à inventer. L’avenir est assuré car l’info est partout, à la télé, à la radio, sur internet. Les gens n’ont jamais été aussi informés. Il faut trouver un modèle économique, et c’est ce que nous recherchons actuellement.
Avec la disparition de la presse, est-ce que tout le monde pourrait devenir journaliste ?
L’information qu’on distribue est impartiale. Sinon, c’est de la manipulation, de la communication. Pour un journaliste, le chargé de communication c’est l’ennemi. Tout le monde est journaliste et peut prendre une photo, écrire. Mais les réseaux sociaux ne font pas le travail de recouper et de vérifier l’information. Le journalisme a de beaux jours devant lui, surtout avec internet.
Recueilli par Antoine, Clément, Nicolas, élèves de 1re ES
Lycée Jean Michel, Lons-le-Saunier (39)
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