Comme souvent depuis un mois, ce mardi 4 janvier, Jérôme se rend au
Groupe d’entraide mutuelle jeunes de Dijon. Seul adhérent présent en début d’après-midi, il joue aux cartes avec Noélie Tyrode, coordinatrice du GEM et Ginette Cirasola, animatrice. Le jeune homme de 30 ans est l’un des premiers à fréquenter cette structure ouverte depuis le mois d’octobre.
« Je suis venu début décembre. Quand j’ai visité et qu’on m’a expliqué les règles, ça m’a plu. Je me suis senti bien tout de suite. Je viens au moins 3 fois par semaine ». Au GEM, on fait des jeux de société et des activités manuelles, on partage des repas, on fait des sorties, on discute. Le programme est ouvert et libre. Il est surtout question de créer une vie sociale.
« Dans la vie, reprend Jérôme,
je ne connais pas grand monde, je n’ai pas de relation stable, j’habite dans un lieu isolé. Venir ici me permet de discuter avec d’autres, d’avoir des activités et de rompre la solitude ». Il dit bien s’entendre avec les autres jeunes, à savoir 4 autres adhérents et 3 en période de découverte, des filles et garçons de 18 à 25 ans, étudiants comme salariés.
Créé en 2005, les GEM sont des lieux d’accueil pour les personnes souffrant de troubles psychiques. Ces associations sont validées et subventionnées par l’Agence régionale de santé. Sur les conseils d’une psychologue, Jérôme a commencé par fréquenter le GEM de Chenôve, mais la moyenne d’âge de 50 ans des habitués n’a pas facilité son intégration. Ajouter la différence générationnelle aux difficultés sociales était loin d’être évident.
« Le GEM jeunes est né de cette situation explique Noélie Tyrode.
Les groupes d’entraide mutuelle sont ouverts aux plus de 18 ans sans limite d’âge. Plusieurs ont fait le constat que des jeunes venaient mais ne restaient pas. On s’est dit qu’il manquait un maillon ».
« Faire connaître le GEM à d'autres jeunes »
S’il existe une trentaine de GEM dans la région, celui de Dijon est le premier à avoir été créé spécifiquement pour les 18 – 30 ans. Il a été suivi peu de temps après par un un autre GEM jeunes ouvert à Besançon à l'instigation de
l'association Floréal.
La gestion de celui de Dijon a été confiée à la Mutualité française.
« Le fonctionnement est basé sur la pair-aidance explique Noélie Tyrode.
Les adhérents sont libres et volontaires. Ce sont des jeunes qui rencontrent des difficultés similaires qui viennent pour se rencontrer, s’entraider, créer eux-mêmes les conditions de lien social. Pour l’instant, ils s’entendent bien entre eux. Le GEM est nouveau mais à terme, l’idée est de se constituer en association dont les adhérents forment le bureau ».
Le fonctionnement est déjà bien lancé. Les jeunes proposent des idées d’activités et de sorties. Ils ont créé une boîte à idée où chacun peut faire des propositions.
« Il y a une bonne ambiance » se réjouit Corentin en s’installant dans la salle en milieu d’après-midi. Ce jeune homme qui travaille comme aide-cuisinier vient quand il le peut dans un lieu qu’il trouve chaleureux et adapté à sa situation. Il apprécie de pouvoir proposer des activités et attend avec impatience la fabrication d’une galette.
« Les jeunes viennent quand ils veulent pendant les horaires d’ouverture. On n’ouvre pas le week-end mais certains jours, c’est possible jusqu’à 20 h » précise Ginette Cirasola.
Jérôme donne une indication sur la légitimité du projet.
« En discutant, on s’est dit qu’il fallait faire connaître le GEM à d’autres jeunes à qui ça pourrait être utile ».
« On les encourage à venir, c’est sans engagement complète Ginette Cirasola.
Il est possible de venir découvrir pendant un certain temps avant d’adhérer ». Pour Noélie Tyrode, le premier bilan est positif.
« Les jeunes reviennent, ce n’est pas mal. Ils ont un endroit où aller, où ils appartiennent à un groupe sans être jugés, où ils peuvent partager leurs problèmes. Notre rôle est de leur proposer un cadre sécurisant pour qu’ils se sentent en confiance et puissent s’exprimer. Quand ils nous parlent de leurs problèmes, on est aussi là pour les conseiller et les orienter ».
S.P.
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