Les journalistes ont l'habitude d'interviewer le ministre des Sports, nous venons avec le parti pris de ne vous faire parler que de la jeunesse.
Enfin !
Avez-vous vu le film "Le Cercle des poètes disparus" ?
C'est un très beau film. Dans le fond, ce film rappelle, entre autres choses, que tout enseignement n'a pas seulement pour but de dispenser des savoirs, mais aussi de permettre à l'individu de retrouver des ressources qui existent au fond de lui-même. Sans cette adaptatibn entre ce qui est enseigné et ce que nous sommes, il ne peut y avoir de vraie réussite.
Qu'avez-vous envie de dire aux jeunes ?
Qu 'ils soient eux-mêmes. Qu'ils aiment la vie. Qu'ils créent beaucoup, qu'ils vivent pleinement leur vie. C'est comme ça qu'ils vont modifier la société dans laquelle ils vivent. Et pour cela ils doivent être capables d'étonnement, de révolte, de s'investir totalement. Ce n'est pas forcément une bonne chose que les jeunes se moulent facilement dans la vie que les adultes créent.
Quels sont les fondements de votre action en faveur des jeunes?
Je ne suis pas le seul à m'occuper des jeunes. Je m'occupe de la partie qui est peut-être la plus intéressante. II s'agit de tout ce qui concerne la vie en commun en dehors de l'enseignement et de la vie professionnelle. J'essaie d'agir pour cela par le biais de la vie associative et de l'éducation populaire. Je privilégie ce qui est rencontres entre les personnes, initiatives. J'accorde aussi une très grande importance à l'information. De façon à ce que chacun puisse construire ses loisirs, ses vacances, ses choix professionnels. Ce qui m'intéresse, c'est l'épanouissement de la personne.
Après la bof génération, la génération Mitterrand, certains parlent de génération abstention. Le gouvernement prend des mesures en faveur des plus démunis, mais ne faudrait-il pas en même temps renforcer les mesures en faveur de tous les jeunes ?
Les mesures que nous prenons sont des mesures qui concernent l'ensemble des jeunes. Mais il faut bien comprendre que le gouvernement ne peut pas distribuer de manière uniforme ce qu'il a à distribuer. Prenez l'exemple de l'information, si on émet une information, tout le monde peut l'écouter. Toutefois certains la comprennent, l'intègrent rapidement et la transforment en positif. D'autres par contre ne sont pas formés pour ça. Notre travail doit être d'abord de former les gens à écouter, à intégrer l'information pour que l'action soit possible, sinon les écarts seront toujours les mêmes. Si nous n'allons pas vers les plus défavorisés en premier, nous ne permettrons pas aux autres, à ceux qui peuvent comprendre plus facilement, de s'élever.
Y-a-t-il une priorité dans les actions que vous conduisez ?
J'ai mis en avant cette idée d'éducation populaire car elle ne fait pas de hiérarchie dans les actions. Les associations savent bien quil est fondamentalement nécessaire d'agir en fonction de la situation que l'on observe sur le terrain. Par ailleurs, les Centres Information Jeunesse ont un rôle très important à jouer. Les CIJ ne feraient pas leur travail s'ils étaient uniquement tournés vers les jeunes qui ont déjà l'habitude de s'informer et qui viendraient juste chercher la petite information qui leur manque. Mais, je n'imagine pas un seul instant que l'on veuille tirer vers le bas ceux qui sont en haut, c'est tout le système qui doit progresser vers le haut.
Les adultes ont tendance à dire aux jeunes qu'aujourd'hui, la mobilité est une des clés du monde contemporain.
La mobilité pour la mobilité n'a pas de sens. Comment voulez-vous être opérationnel si vous obligez les gens à se déplacer alors qu'ils sont bien dans leur coin. Il y a des jeunes qui s'épanouissent parfaitement en restant dans l'environnement de leur naissance. Ce que j'essaie de faire comprendre, c'est qu'il n'y a pas de fatalité. Les jeunes peuvent construire leur avenir où qu'ils soient. Ceci dit, le développement des mobilités en Europe est une priorité. Il faut tout mettre en oeuvre pour que les jeunes disposent des informations qui leur sont nécessaires pour aller dans les autres pays européens. Dans un premier temps, je fais en sorte qu'ils puissent le fàire par l'intermédiaire des associations et de leur structure d'accueil. En même temps, j'agis pour que chacun puisse bénéficier de ce nerf de la guerre qu'est l'information, par le biais du réseau des Centres Informa tion Jeunese.
Nous savons que vous êtes très inté-ressé par la télématique.
J'ai un rêve. Je voudrais que nous soyons très performants en télématique parce que c'est un outil de communication facile, rapide, accessible, interactif. Cela demande la mise en place d'un réseau totalement coordonné. Cela demande du temps. Nous allons nous y atteler et je pense que nous allons faire quelque chose de bien.
Recueilli par Françoise Jacques et Philippe Renahy
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