Un mercredi après-midi à Palente, « quartier prioritaire » de Besançon. Elise, Lucas et Dylan ont installé le Kaf’truck sur une place animée. Deux jeunes filles s’approchent timidement, attirées par une mini table de ping-pong. « On peut essayer ? » Plus loin des ados essaient un Puissance 4 géant, tandis que d’autres attendent de tester des casques de réalité virtuelle. Avec son Kaf’truck, la Mission locale du Grand Besançon, n’est pas venue seule. Ses partenaires du jour : Martin, fondateur d’Idéasport, présent avec ses jeux mobiles et Ashimy, de l’espace jeunesse de Palente, venu donner un coup de main. « Notre but est de rencontrer les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en scolarité résume Dylan. On vient pour discuter et échanger avec eux, dans une approche amicale, naturelle, en prenant notre temps. On leur explique qu’on est là dans leur intérêt, en essayant d’être sympa et bienveillant ». Les animations mises en place permettent d’entrer plus facilement en contact et d’établir un lien de confiance.
Le Kaf’truck a fait une vingtaine de sorties entre juin et octobre dans les quartiers bisontins mais aussi à la plage d’Osselle, à quelques événements comme le festival Détonation et dans certaines communes autour de Besançon. L’accueil est en général plutôt positif. Les interventions sont souples. « Quand on vient, on s’adapte aux lieux. Dans l’ensemble, ça se passe bien, mais ce n’est pas toujours évident note Elise Follet-Locatelli, coordinatrice du Kaf’truck. Parfois, on n’est pas les bienvenus, même si notre présence se veut bienveillante. En milieu rural, les jeunes sont difficiles à trouver, ce sont plus souvent des jeunes seuls. En tout cas, l’action marche beaucoup moins bien qu’en ville. Il nous arrive de rester peu de temps, mais aussi tout l’après-midi jusque tard, en fonction des jeunes qu’on trouve. Notre priorité est de pouvoir parler aux 16 – 25 ans ». Pour cela, les animateurs ne se contentent pas de garer le Kaf’truck et d’attendre, mais se promènent également dans le quartier. « Lorsqu’on voit un groupe de jeunes, on essaie d’aller vers eux. Il faut du temps pour construire la relation. Il y a un jeune que j’ai repéré en juillet 2020 que l’on commence seulement à pouvoir aider. C’est un aidant en charge de sa mère et de sa grand-mère. Dans un premier temps, on va travailler avec lui sur la mobilité et le code de la route. C’est un début, il faut y aller petit à petit ». Lorsque les contacts sont noués, les intervenants peuvent aborder divers sujets, l’insertion, mais aussi l’accès aux droits ou aux soins.
Le Kaf’truck est né d’un appel à projets national et du constat que les jeunes fréquentent de moins en moins les institutions. D’autres expériences proches ont été lancées, notamment dans le Jura et le haut Doubs, mais celles du Grand Besançon a la spécificité d’être portée par la Mission locale avec une dizaine de partenaires pluridisciplinaires. « Sur certaines interventions, on est par exemple avec la Tente Beauté mobile, qui fait des soins esthétiques, Polygames, des jeux gonflables, parfois des magiciens. On est sur de l’animation au sens large ».
Depuis 2019 et malgré les aléas liés à la pandémie Covid, Elise estime que le Kaf’truck a permis de repérer une cinquantaine de jeunes par an et d’en remobiliser la moitié. « Une fois qu’ils connaissent le dispositif, il arrive que certains nous envoient d’autres jeunes » assure-t-elle.
S.P.
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