La formation Premiers secours en santé mentale (PSSM) se déroule sur deux jours à temps plein. Carla Chabanol et Anaïs Madet, toutes deux étudiantes en master de psychologie clinique à Dijon, ont effectué cette formation dans le cadre de leur job étudiant, en février 2022, à l'hôpital La Chartreuse. « On m'avait dit que parce que j'étais en psycho, je n'apprendrais pas beaucoup de choses, mais c'était le contraire » admet Anaïs Madet. La jeune femme qui, à l'époque, était en licence s'explique. « Par exemple, pour la question du suicide, en licence on apprend la théorie, mais lors de la formation on nous donne des outils concrets. » Éviter toute forme de culpabilité, ne pas minimiser, parler ouvertement du sujet sont autant de conseils qui peuvent paraître anodins mais qui sont pourtant essentiels. « On pense que dire à quelqu'un qui a des envies suicidaires que son entourage va souffrir est pertinent, mais en fait pas du tout, poursuit l'étudiante. C'est culpabilisant et cela peut lui faire penser qu'il ne fait que du mal autour de lui et l'inciter davantage à passer à l'acte. »
Déstigmatiser
La première étape de la formation passe par la "déstigmatisation" des troubles de santé mentale, afin de déconstruire les nombreuses idées reçues. Beaucoup de sujets sont abordés comme les addictions, les crises d'angoisse, les crises psychotiques ou encore la dépression. La deuxième étape expose la méthode "AERER" : approcher, écouter attentivement, réconforter, encourager à aller vers des professionnels, réorienter. Une démarche pas à pas que les deux jeunes femmes ont pu mettre en place par la suite. « Une collègue a fait une crise d'angoisse et j'ai pu appliquer ce que j'avais appris, témoigne Carla Chabanol. Je suis restée présente pour elle et elle a fini par déverser tout ce qui n'allait pas. Elle m'a remerciée et m'a dit que c'était passé plus vite que si elle avait dû gérer seule. » Au quotidien, l'étudiante dit avoir changé son approche. « Je fais plus attention aux autres, on apprend qu'on ne va pas déranger l'autre en allant le voir. C'est vraiment un enjeu social plus que thérapeutique. »
Formation ouverte à tous
Lors des assises de la psychiatrie et de la santé mentale en 2021, le gouvernement annonçait un objectif de 60 000 secouristes en santé mentale fin 2023. Dessein largement mené à bien puisque plus de 91 000 personnes ont déjà été formées. D'autant que la formation engage tous types de profils. « Il y avait une bibliothécaire, qui avait déjà été confrontée à une personne souffrant de crises d'angoisse, une dame qui travaillait dans l'administration à la fac et d'autres professionnels. Pour les personnes qui n'ont pas de notion en psychologie, c'est très clair et très bien expliqué. » En effet, 98.5% des stagiaires recommandent la formation selon PSSM France. L'objectif sur 10 ans est d'atteindre 750 000 secouristes formés en France.
Lauriane Noel
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