Notez-vous une augmentation des patients allergiques ?
Les allergies sont de plus en plus fréquentes, c’est indéniable. Mais il faut rappeler que l’allergie est un mécanisme de défense de l’organisme. A la limite, tout le monde présente une allergie à un moment ou un autre de sa vie.
Comment explique-t-on l’évolution actuelle ?
L’environnement a complètement changé. La pollution, les particules fines modifient l’agressivité des pollens. On le voit car ils ne sont pas les mêmes en zone polluée et en zone non polluée. Dans le premier cas, ils vont être plus résistants aux défenses naturelles. Nos conditions de vie ont également changé : depuis le choc pétrolier, avec les économies d’énergie, on s’est complètement calfeutrés. On a des maisons excessivement isolées où l’air ne circule plus. Il est toujours à la même température et plus humide ce qui favorise les moisissures et les acariens. Il y a de plus en plus d’animaux à l’intérieur des maisons. Eux aussi favorisent les allergies. Un hamster dans la chambre d’un enfant, c’est une aberration.
On parle d’une maladie, mais elle prend des formes diverses.
Oui. Les allergies peuvent être respiratoires (rhume des foins, rhinite, certaines formes d’asthme), alimentaires (chez les jeunes, c’est essentiellement liée à l’arachide), cutanées avec des réactions de contact à une matière, un parfum, un colorant. Comme c’est la grande mode des tatouages, il faut savoir que certains contiennent du PPD, colorant noir extrêmement agressif et allergisant. C’est en particulier le cas des tatouages temporaires. Enfin, il y a aussi les allergies aux médicaments et aux venins. Toutes ces allergies se manifestent différemment : pour les respiratoires, c’est le nez qui coule, les éternuements, les yeux qui pleurent et piquent. Pour l’asthme, c’est une gêne respiratoire. Pour les cutanées, c’est de l’eczéma ou de l’urticaire voire un œdème. Après une piqûre d’insecte, c’est un choc anaphylactique parfois très violent. Les conséquences des allergies sont multiples : du simple écoulement nasal à la mort.
Est-ce fréquent ?
Non, ce sont quelques cas extrêmes. La majorité des allergies sont embêtantes, désagréables, mal supportées mais sans risque vital. Les chocs anaphylactiques ou l’œdème de Quincke sont moins fréquents. Les patients à haut risque doivent avoir à portée une seringue d’adrénaline qu’ils doivent être capables de s’administrer.
Comment explique-t-on le faible nombre de diagnostics et de personnes traitées ?
Ces symptômes ne font pas obligatoirement penser à l’allergie. En général, la personne se rend chez son médecin traitant qui lui donne un traitement et tout rentre dans l’ordre jusqu’à la saison suivante ou à la reconduction des éléments qui ont favorisé l’allergie. Or une allergie, c’est un peu comme les règles d’unité de temps, de lieu et d’action du théâtre classique : c’est toujours dans les mêmes circonstances, au même moment, de la même façon. Si l’on prend les allergies au pollen, elles auront lieu toujours à la même période mais de façon momentanée. Du coup, on a tendance à attendre que ça passe. Il n’y a qu’en cas d’aggravation des signes cliniques que l’on se rend chez l’allergologue. Mais en général, l’allergie s’aggrave avec les années. En étant allergique, on est plus sensibilisé, le terrain est plus favorable.
Comment traite-t-on les allergies ?
D’abord par la prévention qui consiste à détecter l’allergène et l’éviter. Les tests allergologiques sont faciles à faire. Le diagnostic peut être rapide ce qui permet de savoir ce que l’on dit éviter ou supprimer. C’est plus ou moins facile en fonction des cas. Quand il y a des allergies liées au milieu professionnel, ce n’est pas toujours évident. Il existe également des traitements médicamenteux. Enfin, il y a la désensibilisation qui consiste à accoutumer l’organisme à l’allergène pour l’amener à une tolérance. Mais cela n’est pas possible pour toutes les allergies : celles au latex, celles qui sont liées au lait ou aux arachides chez les enfants et les ados, posent par exemple problème.
Recueilli par Stéphane Paris
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