Si la plupart des adolescents français vont bien, on évalue tout de même de 15 à 20 % ceux qui sont en souffrance, dont “5 % carrément en danger” selon Claire Brisset, défenseure des enfants. “L’adolescence, c’est la sortie de l’enfance rappelle le docteur Christian Bourg, responsable médical de la Maison de l’adolescent de Besançon. C’est le moment où l’on accède à l’autonomie, où l’on acquiert une personnalité propre qui n’est pas le double de celle des parents. Il s’y mêle des problèmes de vie ordinaires, les amours, les copains, les relations familiales et tout cela participe du bien ou du mal-être. Il faut rappeler que dans sa définition de la santé, l’OMS inclut ce qui a trait au bien-être, ne la limitant pas seulement à la maladie. Cela implique une approche globale qui prenne en compte à la fois la santé physique et l’environnement”. Une évaluation du réseau de santé bisontin Rés’ado rappelle que les spécialistes s’accordent pour penser que les soins aux adolescents ne peuvent se concevoir que sous l’angle de cette approche globale associant les aspects psychique, physique, social, juridique. “L’approche globale doit permettre d’identifier ce qu’il y a derrière un échec scolaire ou une conduite addictive, par exemple. Car ces problèmes-là n’existent pas pour rien”.
Accueil, écoute,
confidentialité
Res’Ado s’inscrit en continuité avec le réseau Santé Jeunes de Franche-Comté construit en 1999 dans le cadre du programme régional de santé “Dépression et suicide”. Le réseau santé jeunes avait pour objectif “d’établir des liens entre les professionnels au contact des adolescents et des jeunes adultes, afin d’améliorer les réponses au mal-être par une approche globale et pluridisciplinaire”. Cette notion d’approche globale a été également à la source de la première Maison de l’adolescent qui a vu le jour au Havre en 2000. Ayant fait preuve de son intérêt, le concept a été développé dans une trentaine de villes en France. Sous l’impulsion de Rés’ado, Besançon fut l’une des premières à suivre. Aujourd’hui, on évoque des projets plus ou moins avancés pour Belfort-Montbéliard et Dole et le plan national santé jeunes inclut l’idée d’une Maison de l’adolescent par département d’ici 2010. Chacune obéit à un cahier des charges précis.
“L’idée est de proposer un accueil de proximité rapide, adapté aux jeune de 12 à 20 ans de Besançon et alentours ainsi qu’à leurs familles” résume Véronique Petitperrin, cadre de santé à la Maison de l’adolescent bisontine. Conçue en service de proximité, de manière à ce que n’importe quel adolescent puisse y avoir accès seul et facilement, la Maison de l’adolescent peut également être sollicitée par les familles et les professionnels qui travaillent avec des jeunes. Accueil, confidentialité, disponibilité, écoute sans jugement sont des impératifs de fonctionnement. “Ceux qui viennent nous voir ou appellent trouvent toujours un interlocuteur et un premier accueil d’une dizaine de minutes pour les écouter. Cela nous permet d’examiner le degré d’urgence de la situation, de faire une première orientation et, en fonction du diagnostic, de fixer un rendez-vous”.
Selon les cas, la Maison de l’adolescent conseille et guide les jeunes vers une structure plus spécialisée ou peut déclencher une procédure dans les cas de grande détresse ou de maltraitance. L’idée de réseau étant impérative, la Maison a tissé des partenariats avec des services de l’Education nationale, du Conseil général, de la protection judiciaire mais aussi des avocats. “Il est difficile pour les jeunes et les familles de se repérer dans ce qui est offert en termes d’accueil note Pascale Baudier, coordinatrice de Rés’ado. Nous avons cette connaissance de ce qui existe, ce qui nous permet de les orienter mais aussi de prendre contact avec les professionnels adéquats”.
Au cœur des problèmes,
la famille
Dans la plupart des cas, la Maison de l’adolescent a la capacité de proposer un suivi au sein de son réseau de partenaires. Outre Christian Bourg, lui-même pédopsychiatre, l’équipe permanente comprend un médecin psychiatre en formation, deux psychologues, une infirmière, une assistante sociale et deux éducateurs spécialisés. Des entretiens ponctuels sont assurés par un médecin pédiatre de l'adolescent, un médecin nutritionniste, une conseillère d'orientation psychologue et l'équipe d'avocat d'enfants du barreau de Besançon. Le mot famille revient fréquemment dans les propos des responsables. “La plupart des jeunes qui viennent ici le font dans un moment de rupture du dialogue avec les parents. Il n’y a rien de plus facile que d’être en situation de malentendu avec ses parents. Il est certain également que le premier creuset de la confiance en soi et de l’estime de soi, c’est la famille. C’est elle qui permet d’être armé pour affronter les aléas de la vie, insiste Christian Bourg. Dans le cadre familial, notre premier travail est de rétablir la communication au sein de la famille. On se limite à 5 entretiens et s’il en faut plus, on oriente vers d’autres spécialistes. Mais souvent le fait d’évoquer des problèmes dans un lieu tiers, avec des gens extérieurs à la famille ayant les compétences pour aider à trouver les ressources nécessaires, aide à passer un cap. Dans la plupart des cas, 5 entretiens sont suffisants pour dépasser un moment difficile”.
S.P.
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