Le 24 octobre dernier,
Graine, réseau régional de l’éducation à l’environnement, organisait des ateliers à propos d’écoanxiété destinés aux professionnels de ce domaine, eux-mêmes en première ligne face à cette source de mal-être. Une journée de psychologie positive dont le bilan affichait un état d’esprit des participants plus enjoué en fin qu’en début d’intervention. Indice que le mal-être de l’écoanxieux n’est pas une fatalité. Emmanuelle Cheminat, l’une des organisatrices, écothérapeute à La Clayette (Saône-et-Loire) en est convaincue. L’inverse serait en contradiction avec l’intitulé son métier de praticienne en psychologie positive et approche centrée solution, dans le domaine des liens entre l’homme et la nature. Elle propose à la fois des groupes de parole et des consultations individuelles. Elle assure que les sorties dans la nature et notamment les « bains de forêt » nés au Japon représentent un apport intéressant.
« Les effets physiologiques sur le bien-être sont avérés scientifiquement. Ils agissent sur le stress, l’immunité, la tension artérielle, le taux de globules blancs notamment ». Marcher est bon pour la santé physique, mais Emmanuelle Cheminat signale qu’en ville, le niveau de stress augmente. Ce n’est pas le cas dans la nature, où se promener a déjà l’effet
« d’amener une prise de conscience et une envie d’en prendre soin ».
Mais ce qu’elle propose va plus loin.
« Il y a de la méditation, de la sensibilisation aux sons et aux sensations. L’allure est également importante. Les bénéfices sont moindres quand on marche vite ou quand on court en forêt ». Le bénéfice vient en particulier des molécules émises par les arbres. Emmanuelle Cheminat cite les phytoncides, particules aromatiques qui ont un effet sur le système nerveux.
L’écoanxiété touche d’abord les gens préoccupés par le changement climatique. Emmanuelle Cheminat cite Laure Noualhat, auteur de
Comment rester écolo sans finir dépressif. Plus on s’intéresse au sujet, plus est attentif à ce que disent les scientifiques, plus on peut devenir anxieux et plus on s’y intéresse… et
« la boule de neige grossit ». Cela peut générer divers états de la tristesse à la dépression.
« L’écoanxiété n’est pas une pathologie, mais peut le devenir. On pourrait même appeler cela écolucidité, mais si elle devient trop préoccupante et problématique, il est conseillé de consulter ». Il est donc moins question de l’empêcher, car être dans le déni
« est un autre mécanisme de protection », que d’apprendre à
« vivre avec ». Recommandations : accueillir ses émotions, mettre un mot dessus, trouver un espace pour en parler et éviter de les ressentir seul. Agir individuellement ou en participant à des actions collectives.
« Ça peut être un jardin collectif par exemple. Le fait de participer fait du bien, soulage, donne du sens. Pour cela, il faut prendre le temps de réfléchir à ce qui est important pour soi. Faire un potager ? Devenir végétarien ? Il faut pouvoir se demander ce qui nous fait du bien et se permettre de recharger les batteries. Parce que souvent, les gens impliqués dans l’écologie sont passionnés, se donnent à fond et se "crament". »
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