février 1999

« Avec le dopage, ce n'est plus du sport... »

Le Cros (comité régional olympique et sportif) a déjà mené une série de conférences pour sensibiliser le public au dopage. Très préoccupé et inquiet du problème, Vincent Fuster, son président, entend intensifier cette politique, notamment auprès des jeunes. En continuant le cycle de conférences, en allant dans les clubs ou le milieu scolaire par exemple. En projet également : des assises régionales sur le dopage avec tous ceux que le sport concerne. Sans doute pour la fin de l'année. Entretien

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On a longtemps pensé que le dopage était réservé au haut niveau. Or il apparaît que ce n'est pas le cas.
C'était un peu l'opinion de tout le monde y compris dans le mouvement sportif. Tout le monde sait que des athlètes de haut niveau se dopent. Mais d'année en année, on se rend compte que c'est plus développé, que toutes les disciplines sont plus ou moins touchées, à différents niveaux. Notre ambition est de pouvoir dire que la pratique reste propre en particulier au niveau des jeunes. Nous avons un rôle d'éducateurs et dans ce sens nous devons pouvoir garantir aux parents que leur enfant aura une pratique sportive saine.

Est-ce qu'on en sait plus aujourd'hui ou est-ce que les produits se répandent vraiment ?
A mon avis, il y a les deux aspects. Le voile se lève. On commence à savoir des choses car les langues se délient, des athlètes parlent. Des moyens plus importants sont mis pour augmenter les contrôles. En parallèle, il y a de plus en plus de produits dans tous les pays, et une facilité plus grande de les obtenir. Ce qui pose le problème des fournisseurs et l'on est confronté à la même situation que pour la drogue.

En face, les contrôles semblent peu efficaces pour lutter.
Ils coûtent chers et donc sont difficiles à multiplier, même s'ils augmentent. Mais leur présence reste une épée de Damoclès forte. Une solution est peut-être dans les contrôles inopinés à l'entraînement car en compétition, on sait très bien que les «sorciers» ont les moyens de masquer les produits. D'autre part, il est vrai que les contrôles sont toujours en retard par rapport aux produits. Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut baisser les bras. Notre rôle est de lutter par tous les moyens, sensibiliser, refaire passer le message en direction des dirigeants, des entraîneurs, des médecins, des parents, des jeunes.

Certains disent que l'on se dope ailleurs que dans le sport, chanteurs ou hommes politiques par exemple.
La différence, c'est que le sport a des règlements et concerne des gens qui luttent côte à côte : il faut bien qu'au départ ils soient à armes égales. Un chanteur lui n'a pas d'adversaire. Pour moi, il faut être propre, il n'y a pas à discuter. Ou alors ce n'est plus du sport tel qu'on l'entend et on appelle ça spectacle sportif. Mais peut-on admettre que des gens sacrifient leur santé à 20 ans ?

Les sportifs ne sont-ils pas pris dans un système qui rend obligatoire le dopage ?
Oui et il faut que chacun balaie devant sa porte, y compris le mouvement sportif. Avec les contraintes imposées aux athlètes, il ne leur est plus possible de répondre présent à tous les rendez-vous. Il faut tenir compte de la récupération naturelle et là-dessus il y a des choses à revoir dans les calendriers. On peut aussi critiquer le CIO qui n'est pas allé au bout de ses décisions. Il faut définir des sanctions et les appliquer. Il y a des règles et celui qui ne les respecte pas doit être sanctionné. C'est pareil partout. Mais c'est une lutte internationale et qui concerne toutes les disciplines.
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