février 2017

«Donner des repères aux élèves»

Le réseau IJ de Haute-Saône a mis en place une action de sensibilisation aux discriminations auprès des élèves de la région. En janvier, elle avait lieu au collège Jacques Brel, à Vesoul.
Photo Yves Petit
«Donner des repères aux élèves» «Donner des repères aux élèves»

  • commentercommenter
  • envoyerenvoyer
  • imprimerimprimer
  • caractèrePLUSMOINS
Ils sont 11 élèves debout dans une salle et  se rangent d’un côté ou de l’autre en fonction de leur avis sur une question. Première assertion : «les hommes sont plus forts que les femmes». Quatre disent oui, 6 non et l’une des 5 filles présentes ne sait pas. Propositions suivantes : «à fonction et diplôme égaux, les femmes sont moins payées que les hommes», «les handicapés ne sont pas capables de travailler», «les jeunes sont irresponsables», «les Roms sont des voleurs», «les Noirs ont beaucoup d’enfants». Autant d’assertions prétextes à débattre des discriminations. Et à douter : certains élèves se déplacent avec leur point de vue en cours de discussion. Ils sont en 4e Segpa (1) au collège Jacques Brel, à Vesoul. Leur section participe à l’action de lutte contre les discriminations mise en place par le réseau information jeunesse de Haute-Saône. C’est la première séance, préalable à un travail autour de la BD avec le dessinateur François Roussel (voir article). Au cours de cette première partie, les intervenants du réseau IJ organisent des débats, des jeux, des rappels de la loi. Cette dernière retient 22 critères de discriminations. Certaines apparaissent évidentes, d’autres moins. Considérer qu’on ne peut faire confiance à un jeune parce qu’il est jeune est moins décelable que les critères de l’origine ou de l’orientation sexuelle. L’action a le mérite de faire réfléchir les élèves. Mais le sujet n’est pas facile, les préjugés engendrent des contradictions : «il y a des hommes qui ont un caractère fort mais des femmes aussi, si elles ont celui de leur père». L’idée que les femmes puissent être payées moins à travail égal ne semble pas à tous d’une évidente injustice. Au fil des discussions, les élèves sont confrontés aux fragilités des raisonnements. Le plus difficile est de ne pas généraliser à partir des cas particuliers que l’on constate : ce n’est pas parce que je connais un jeune irresponsable que tous le sont. Pas évident non plus de ne pas considérer les déterminants culturels comme des lois naturelles.

   "Leur donner
   une estime de soi"


«Ce genre d’initiative doit leur laisser des points de repère dans la construction de leur personnalité» espère Franck Vigneron, directeur de la Segpa (photo 3). «Ce sont des élèves mais aussi des citoyens et des futurs professionnels qui devront savoir coopérer et tenir compte de la différence des autres». Le concret est présent : «nous travaillons beaucoup sur la prévention du harcèlement.  La lutte contre les discriminations en relève. Ici, nous accueillons des jeunes de secteurs urbain et rural, nous en avons en situation de handicap. L’une de nos missions est de leur apprendre à vivre ensemble et à se respecter». Le directeur est un convaincu. «Tout ce que je peux faire dans l’éducation à la citoyenneté, je le fais ! Au-delà des apprentissages scolaires, les questions de règles sociales, de respect des autres, de solidarité sont une priorité car elles favorisent la vie ensemble. Participer à ce projet de lutte contre les discriminations s’inscrit dans cette optique. Il rejoint notre façon de travailler basée sur la pédagogie de projet et l’interdisciplinarité».
Ses élèves ne font pas partie de ceux pour qui l’accès à la culture est le plus évident. Participer au dispositif "collégiens au cinéma", faire venir des auteurs, travailler avec des artistes du festival Jacques Brel est une manière de compenser cette absence. Et de «favoriser l’ouverture culturelle sur le monde, levier puissant d’accès aux savoirs et à la citoyenneté dans le cadre de parcours d’éducation artistique et culturelle». Après la première séance de sensibilisation, les élèves vont aborder les discriminations par le biais de la BD avec l’aide du dessinateur François Roussel. «C’est aussi une façon de les aider à se valoriser estime Franck Vigneron. Nous les avons pendant 4 ans au collège et l’une de nos volontés est de leur donner l’estime de soi, ce qui passe autant par ce genre d’initiatives que par la personnalisation des parcours, l’accompagnement, les appréciations positives».

S.P.



(1)
Section d’enseignement général et professionnel adapté

En savoir plus
L’action de lutte contre les discriminations se terminera par une restitution en mai à Ronchamp. Infos, Cij de Haute-Saône, 1 rue de Franche-Comté, 70000 Vesoul (0384970090).

Lire aussi
La BD pour lutter contre les discriminations

Retour

Commentaires

Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.

Se connecter S'inscrire

articles

express

Droits des femmes en régression


mars 2025
En 2024, l'Onu signale une régression des droits des femmes dans un quart des pays ! Hausse des discriminations liées au sexe, diminution des ressources financières., mysoginie en phase de généralisation selon António Guterres. Un constat déplorable renforcée, selon l'Onu, par " le numérique et l’intelligence artificielle qui propagent des stéréotypes néfastes, tandis que la fracture numérique entre les sexes restreint les perspectives offertes aux femmes ". Lire ici.

Réseaux


février 2025
Désormais, vous pouvez nous suivre sur Blue sky.

Volontariat et bénévolat


février 2025
La différence principale entre volontariat et bénévolat tient au contrat stipulant l’engagement dans le premier cas alors que le bénévolat est un engagement libre, sans contrat. En conséquence, le volontaire a un statut et une couverture sociale complète. Par ailleurs, le volontariat est souvent assorti d’indemnités.

Le bénévolat associatif


janvier 2025
Le bénévolat associatif c’est s’engager librement et agir dans l’intérêt d’une association ou d’une fondation, de manière ponctuelle ou régulière. Toute personne sans conditions d’âge ni de diplôme peut s’engager bénévolement dans l’association de son choix.

Concours Amnesty


novembre 2024
Amnesty international Besançon organise 2 concours pour les droits humains :
- un concours d'illustrations ouvert aux collégiens, lycéens et étudiants : il s'agit de créer une couverture de BD à partir d'une nouvelle primée l'an dernier (accessibles sur plumesrebelles.fr) avant le 24 janvier.
- un concours de nouevlles ouverts aux collégiens, lycéens, étudiants et apprentis, avant le 17 janvier. Thèmes d'écriture : les discrimnations : sources de violence ? / droits acquis : la vigilance s'impose pour les préserver / la nature a-t-elle des droits ? / l'IA : un risque pour les libertés individuelles et collectives ?
Infos sur plumesrebelles.fr
Voir tout