En ce lundi 18 juillet, le 103e Tour de France est accueilli sous le soleil à Moirans-en-Montagne. Dès 7 h 30, le site de départ d’étape est lieu d’une agitation qui va s’amplifier à mesure que la foule affluera, jusqu’au point culminant du départ des coureurs aux alentours de 12 h 30. Pour le moment, tous les membres de l’organisation sont sur le pont pour installer le village départ, ses stands, ses podiums, ses espaces de circulation, préparer les 170 véhicules de la caravane publicitaire et s’apprêter à accueillir le public. Avant de démonter, de se rendre à la ville suivante et de recommencer le lendemain.
Ces tâches occupent 300 personnes dont beaucoup de jeunes en jobs saisonniers. Parmi eux, Jérémy, 19 ans, installe la boutique officielle. Au 17e jour de la course, tout le monde est rodé. «Chacun sait ce qu’il doit faire. On fait en un quart d’heure ce que l’on faisait en 1 h le premier jour». Accueil, logistique, sécurité… : les postes sont nombreux et souvent polyvalents. «Je suis vendeur mais je fais aussi de la logistique et je suis amené à conduire des camionnettes résume Jérémy. C’est pour cela que pour postuler, il faut le permis. Sinon, c’est principalement l’état d’esprit qui compte : être accueillant, souriant de bonne humeur».
Sa journée de travail commence entre 4 et 6 h selon les étapes mais elle se termine relativement tôt. «Après le départ des coureurs, on remballe et on part pour la ville suivante en s’arrêtant sur la route pour manger. Dans l’ensemble, c’est quand même physique, fatigant, il faut un mental solide. Mais surtout, il faut être capable de vivre en groupe pendant 3 semaines. Etre suffisamment mature et savoir faire des concessions car on est ensemble 24 h / 24 dans les bons et mauvais moments». Les organisateurs ont établi des règles à respecter et se réservent le droit d’exclure celui qui va trop loin. L'alcool n'est par exemple pas très bien vu. «Cela arrive très rarement» assure Nicolas Bridoux, manager VIP d’ASO (Amaury sport organisation), principale entreprise d’embauche sur le Tour.
Expérience humaine
Ce 18 juillet, la chaleur devient rapidement caniculaire mais on imagine que les jours de pluie sont un peu plus pénibles. Anne-Claire, 23 ans, le confirme, «le temps peut rendre les choses plus difficiles». Mais si les intempéries représentent l’un des rares inconvénients du travail, dans la balance, les avantages sont beaucoup plus nombreux. «Il y a l’ambiance, le voyage, la découverte de la France et des paysages dit-elle. Tout ce qu’on gagne, on l’économise et c’est un peu plus que le smic». «C’est une expérience humaine et une ligne sur un CV. Et on est bien "soigné", on s’occupe vraiment bien de nous. On va à l’hôtel, au restaurant. C’est le meilleur job étudiant de France. Et pour ceux qui aiment le sport, c’est encore mieux énumère Jérémy. On côtoie les cyclistes qui sont vraiment sympas. J’ai même joué à la playstation avec l’un d’eux. Ils sont plus accessibles que dans le tennis».
Jérémy a été recruté par son manager alors qu’il travaillait sur Roland Garros. Mais sur le Tour, les agences comme Amaury sport organisation, Panenka ou Alentours embauchent principalement sur candidatures classiques (CV, lettre, entretiens) à partir de janvier - février.
«Nous recevons environ 900 demandes donc nous recrutons environ un quart des postulants estime Nicolas Bridoux. La très grosse majorité a entre 18 et 25 ans. Beaucoup viennent d’écoles de commerce mais il y a d’autres cursus universitaires et nous sommes très ouverts». A part le permis de conduire, rien n’est éliminatoire.
Anne-Claire a suivi ce parcours d'embauche classique. Etudiante en commerce, elle est sur son 2e Tour. Embauchée par Amaury, elle estime que les organisateurs sont surtout attentifs à la personnalité et à l’état d’esprit des candidats. Ce qu’ils cherchent : des jeunes capables de faire vivre un moment exceptionnel au public. «Il faut aussi de la rigueur et de la vaillance complète Nicolas Bridoux. Les 3 semaines du Tour sont quand même éprouvantes».
Etre créatif
«C’est une amie qui a fait 4 fois le Tour qui m’a parlé de cette opportunité relate Anne-Claire. J’ai envoyé mon CV en janvier et j’ai eu 2 entretiens en mars et en avril à Paris. La première fois, on était reçus en groupes pour des entretiens basiques. Pour le second, c’était des ateliers avec des sketches, des simulations de vente. Il faut être créatif, montrer qu’on sait communiquer, être souriant». C’était l’an dernier. Après son premier Tour, elle n’a pas eu besoin de postuler à nouveau. «Quand ça se passe bien, les organisateurs nous envoient un message l’année suivante pour nous demander si l’on est disponible».
Sur la Grande boucle 2016, elle est caravanière sur le stand de l'emploi à domicile (syndicats et fédération des particuliers employeurs). «On se lève vers 6 h, on se rend sur le parking de la caravane où l’on a un brief sur les spécificités de l’étape puis on s’occupe des chars, on prépare les stocks d’objets et nourriture à distribuer et chacun va à son poste de travail pour la journée. Au village d’arrivée, on vide les caravanes et on récupère les stocks. Chaque étape est différente mais en général on finit assez tôt. Le travail n’est pas compliqué mais quand même fatigant. Mais comme on voyage, que l’on est dans une ambiance festive, cela atténue l’impression de travailler. C’est quand même un job hyper avantageux». Un chiffre indique que la plupart des jeunes qui obtiennent le boulot sont de cet avis : «environ 50 % reviennent l’année suivante signale Nicolas Bridoux. Et quand ils ne le font pas, c’est souvent parce qu’ils ne peuvent pas».
S.P.
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