"Catherine, qu’est-ce qu’on a dans le frigo ?” demande Mohsen Bchir à sa femme, qui est en train de nettoyer la cuisine. Pas de réponse, mais en dix secondes Mohsen a déjà décidé ce qu’il va offrir à la clientèle du midi : pizza. Mais pas une pizza ordinaire : pas de blé, pas de viande et pas de fromage de vache, mais de chèvre. Il y a quatre ans que Mohsen et Catherine ont ouvert le restaurant bio “Qui l’eût cru” à Besançon, mais presque une décennie qu’ils mangent 100 % bio. Aucun d’eux ne consomme de la viande ni des produits laitiers, et cela leur posait des problèmes à l’heure de manger en ville. “On a essayé de créer l’endroit qu’on aurait aimé trouver”, explique Mohsen en face d’un expresso très court (et bio, bien sûr). Le résultat c’est un restaurant qui marche de mieux en mieux : “surtout le soir, nuance-t-il. A midi, on mange au restaurant parce qu’on est obligé, donc on cherche le prix. Le soir, on va à un restaurant pour se faire plaisir”.
L’argent a toujours été un problème. “Les bons produits sont chers. En bio, il n’y a que des petits producteurs, ce sont toujours des petites quantités et donc des prix de transport plus elevés. En plus, il faut que les agriculteurs eux-mêmes paient le contrôle pour avoir le label bio” explique-t-il. Tout cela se répercute sur le prix (l’assiette repas du midi coûte entre 10 et 13 euros), mais il ne peut pas le descendre : les cuisses de poulet traditionnel, qui coûtent 3 euros le kilo, augmentent jusqu’à 13 euros le kilo s’il s’agit du poulet bio. Et beaucoup de produits doivent être importés d’Allemagne et d’Italie. Même de plus loin, quand il s’agit d’aliments “exotiques”. Mais tout cela ne le fera pas changer d’avis. “Les clients viennent parce que c’est bon, pour la santé et pour le goût. Bien sûr il y a des bons produits dans l’agriculture traditionnelle, mais ils ne sont pas faciles à trouver. Et s’il y en a, ils sont aussi chers que les produits bio” finit-il.
J.B.
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