Elle a une énergie communicative. Une façon de parler de ses projets qui suffit à situer sa motivation, son enthousiasme.. Depuis le 1er janvier, c’est elle qui est au commande de l’Auberge du Pont du Diable. Son père continue à oeuvrer en cuisine, sa mère l’aide pour la gestion. La transition, par donation, s’effectue en douceur. “En réalité, c’est ce contexte autour de moi qui a fait que j’ai repris. S’il n’y avait pas eu cet entourage, je ne l’aurais pas fait”. La restauration, elle n’a connu que ça. “Dès l’âge de 17 ans, je suis partie dans d’autres restaurants me faire ma propre expérience. J’ai travaillé au bord du lac de Neuchâtel, au bord du lac Léman, à côté de Ste-Croix. J’ai travaillé dans la cuisine traditionnelle et dans le semi-gastronomique. J’ai appris la découpe du poisson, les manières de servir, à l’anglaise, à la française” résume-t-elle. Si bien que lorsqu’elle est allée voir la Boutique de gestion, on lui a dit qu’avec cette expérience, elle n’avait pas besoin de formation. “Quand on se retrouve 15 jours à tout faire seule avec 15-20 couverts, c’est sport. On apprend vite”.
Prendre la suite de ses parents est comme un aboutissement logique. “Je n’ai jamais eu beaucoup d’ambition autre qu’en termes de qualité de vie affirme-t-elle. Je reprends le restaurant par conviction plus que par ambition. La conviction liée à certains choix de vie. Vouloir que mes enfants grandissent en milieu rural par exemple. Rester dans une région très riche en nature, en forêt. Mes parents ont mis en place une jolie entreprise à l’échelle humaine, j’ai envie de perpétuer cela”.
C’est aussi ce qui lui fait prêter attention à ses collègues alentour et au tissu économique local. “Il y a une belle complémentarité entre tous, avec des gîtes, une ferme équestre, c’est un équilibre à maintenir”. Pour la cuisine, elle tient à trouver des produits de qualité à proximité. “Nos tartes sont faites avec des produits maison”. Elle sert un café succulent, velouté : ses fournisseurs sont les jeunes pontissaliens qui tiennent les Cafés Querry. Même ses épices viennent du coin, du Jura suisse plus précisément. “Cela donne des échanges et des moments riches. Sortir couper un peu de menthe au milieu des oiseaux et des fleurs... On ne va plus au travail pour travailler mais pour des bonheurs comme ça”.
Reprendre l’existant ne l’empêche pas de le modeler à son idée. Comme celle d’organiser des concerts de temps à autre en soirée. Elle aimerait aussi faire des soirées conviviales, par exemple pour expliquer le travail d’un vigneron. “C’est une continuité. Pas de changement radical mais une durabilité à travers les générations” se satisfait Jean-Pierre, son père. “Au début, il a eu du mal à me laisser prendre des décisions” sourit-elle. “Maintenant, ça va, il sait qu’il a sa place dans cette évolution”. Des petits investissements pour refaire le balcon et améliorer la sécurité l’ont conduite à solliciter un prêt avec Cré-Entreprendre, qui la suit dans cette transmission. “Au-delà de l’aspect financier, c’est un réel accompagnement. Ils sont revenus me voir, ils me donnent des conseils, me rappellent les choses à ne pas oublier”. Finalement, elle se trouve pour l’instant bien avec sa nouvelle casquette. “C’est le plaisir d’être chez soi. Quand on décore ou que l’on retape, c’est d’abord pour soi. On a pris un aide cuisinier : l’idée qu’on créé de l’emploi, c’est super important. D’un autre côté, quand on est chef d’entreprise, on regarde les charges, la TVA et là il vaut mieux ne pas trop analyser sinon on se rend malade”.
S.P.
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