Comment puis-je agir ? Une question que beaucoup se posent certainement depuis le début de la période de confinement. Mais cette question habituelle se pose dans un contexte particulier : agir peut-être contre-productif puisque le but du confinement est d’éviter les contacts. En se posant cette question, Florence et Lisa Ducros, mère et fille d’un quartier bisontins, répondent sans hésiter. Mais parce qu’agir nécessite des protections sanitaires, elles ont décidé de lancer un appel sous forme de pétition. « Cela m’est venu naturellement explique Florence. Je travaillais dans l’aide aux personnes âgées ».
Comment est née votre initiative ?
Spontanément, au début du confinement, j’ai proposé à des personnes âgées de mon quartier de m’appeler si elles se sentaient isolées. Et je leur ai dit que je pourrais faire leurs courses, en cas de besoin et en prenant toutes les précautions sanitaires. Je l’ai fait, il n’y a pas de contact, je pose leurs courses devant chez elles. Et si l’on y réfléchit, si une personne fait les courses pour plusieurs, cela diminue les risques de contact. Par ailleurs, si jamais une voisine m’appelle parce qu’elle est tombée, qu’est-ce que je fais ? Pour moi, pas question de ne rien faire. Alors je me suis dit que s’il y avait d’autres personnes ayant la même volonté dans d’autres quartiers, il faudrait quand même des masques, des gants, du gel, des lunettes. De là est née la pétition que ma fille a lancée sur change.
Mais la recommandation est de rester chez soi.
Oui, mais il y a aussi la volonté de porter secours et je pense que d’autres personnes dans d’autres quartiers l’ont. J’ai deux voisines de 87 et 96 ans qui ne peuvent pas se déplacer. Quand je suis allée faire les courses pour l’une d’elles, elle m’a remercié, elle n’avait même plus rien à donner à son chat. Je pense que c’est un devoir d’agir, bien évidemment dans le respect des règles sanitaires. L’idéal serait d’avoir un ou deux volontaires par quartier, suffisamment équipé pour agir en cas de besoin. Mais la question n’est pas d’aller s’amuser dans le quartier ou de prendre des risques. Je ne vais pas au contact des personnes.
Mais le matériel de protection doit aller en priorité aux hôpitaux qui en manquent.
Oui, dans l’état actuel des choses. Mais s’il y a une grosse production en cours, comme on l’entend, ce sera peut-être l’occasion. Cela dit, avec ma fille, on pose une question, on soumet une idée. Après, il faut trouver des solutions, s’organiser, les mettre en place. On pense créer une plateforme en ligne pour les suggestions. Les gens peuvent aussi nous contacter par mail. Ce n’est pas simple, mais moi, je ne peux pas laisser les choses comme ça. Je pense que d’autres personnes ont les mêmes valeurs. Beaucoup de questions se posent, mais si on s’en pose trop, on ne fait plus rien.
Qu’attendez-vous de la pétition ?
Peut-être d’interpeller les pouvoirs publics. Mais avant, on attend de voir les signatures, les personnes intéressées, les commentaires. Ensuite, peut-être que ça donne des idées à d’autres puisque je le répète, il vaut mieux qu’une personne fasse les courses pour plusieurs plutôt que chacun y aille. Avec l’absolue nécessité de respecter les gestes barrière et ne prendre aucun risque. J’ai été conforté dans cette idée parce que Fabrice Provin se pose les mêmes questions. Il est l’auteur du livre Offrir une vie meilleure à nos aînés, il est un pionnier dans ce domaine.
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