Le numérique à l’école ? Une bonne idée si l’on considère l’usage des nouvelles technologies comme un savoir indispensable au même titre qu’écrire et compter et une source de fracture sociale. Mais comme toujours, l’excès est à éviter. Trop, c’est trop selon Martin Korte, un chercheur allemand spécialiste du cerveau à l’Université de Braunschweig. D'après lui, le numérique habitue à ne plus canaliser son attention. Lorsqu’un sujet cherche une information sur Internet, Martin Korte a constaté une concentration moins grande que lorsqu’il passe par des livres. Le « cerveau Google » n’a pas les mêmes réactions qu’un cerveau déconnecté.
A L’Education nationale, on n’en est pas encore là, mais plutôt à améliorer l’usage à des fins éducatives. Depuis 1985, il était surtout question d’équiper établissements et élèves pour créer des conditions de travail « modernes » et développer la culture numérique des jeunes. Les conclusions des états généraux du numérique pour l’éducation menés au mois de novembre insistent toujours sur l’idée de moyen :
« Le numérique est un facteur de progrès pour notre École. Bien utilisés, les outils numériques accompagnent les apprentissages des élèves, les ouvrent sur le monde, les préparent à agir et à créer dans le monde contemporain. Développer le numérique à l’École n’est donc jamais une fin en soi mais bien un objectif au service de la transformation pédagogique et organisationnelle de notre système éducatif » écrit Jean-Michel Blanquer.
Le laboratoire 2LPN de l’Université de Lorraine et l’académie de Nancy-Metz ont mené
une étude sur « l’évolution dynamique des usages personnels et scolaires des lycéens » et sur leurs représentations des « dispositifs numériques (smartphones, tablettes, ordinateurs, etc.) ». Elle conclut que les attentes, d’une part
« des technophobes et leurs craintes et d’autre part des technophiles et leur enthousiasme effrené, mériteraient d’être atténuées, afin de penser le numérique dans une mise en œuvre progressive ». De son côté, le Cnesco (Centre national d’étude des système scolaires) a publié un
dossier sur le thème « numérique et apprentissages scolaires », fruit de deux années de recherches. Les travaux montrent entre autre
« que le recours au numérique n’a pas automatiquement un effet positif. Il peut, en revanche, faciliter certaines approches pédagogiques, voire rendre possibles certaines activités qui favorisent un apprentissage des élèves, ou de certains élèves ».
Dans les propositions des états généraux, si la lutte contre la fracture numérique est toujours un objectif, l’aspect qualitatif commence à être mise en avant, à la fois en direction des élèves (
« développer la citoyenneté numérique et renforcer l’éducation aux médias ») que des personnels (promotion d’une culture numérique commune, création de dispositifs d’accompagnement…). Un chapitre est dédié au développement d’un numérique
« responsable et souverain ». Il indique notamment
« vouloir former aux bons usages et à la sobriété numérique et promouvoir et former à la bonne utilisation des outils conformes aux RGPD ».
S.P.
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.