Sexe, drogues et rock'n'roll :en 2005, la réalité de cette trilogie s'accompagne de son pendant négatif, MST, toxicomanie et risques auditifs. On pourrait croire le public prévenu, il ne l'est pas tant que ça. Du moins d'après le collectif «Ensemble, limitons les risques» qui travaille à la sensibilisation autour des concerts depuis 2002.
«Sur le Sida, il y a un défaut d'information grandissant prend en exemple Damien Thabourey, l'un des responsables du collectif bisontin. C'est une erreur de penser qu'il suffit d'informer une génération pour que le message se perpétue. Les premiers à avoir connu le développement de Pépidémie et les campagnes de prévention ont quitté le lycée et la fac depuis 10 ans. Mais les générations se renouvellent et je suis surpris de voir à quel point celles qui suivent ne connaissent pas grandchose. En France, on est à 5000 contaminations par an, quasi exclusivement par relation sexuelle...»
Financé dans le cadre de Réseau 25 (1), ce collectif a pris exemple sur une initiative semblable née dans le Jura, oeuvrant notamment autour du Moulin de Brainans. Dans la région, une troisième structure («Cool'attitud››) est recensée dans le nord Franche-Comté mais elle est pour l'instant en veille, faute de bonnes volontés. Le besoin de bénévolat est également sensible du côté du collectif bisontin. «Nous sommes une quarantaine de personnes dont un noyau d'une dizaine. Nous intervenons au Cylindre, lors du festival l'Herbe en zik et de temps en temps sur une rave. Nous aimerions mener plus d'acticns mais nous ne sommes pas suffisamment nombreux››.
Même si I'essentiel des intervenants viennent du milieu sanitaire et social, travailler dans la santé n'est pas une obligation. Toute personne sensible à ces questions peut participer au collectif. Les bénévoles bénéficient de formations préalables.
«Dans le domaine des toxicomanies, la présence d'anciens consommateurs de produits apporte un éclairage intéressant indique Damien Thabourey. Le point commun des membres du collectif, c'est aimer faire la fête. Et quand on aime la fête, on a envie qu'elle se passe bien et qu'elle se poursuive pour d'autres».
Le collectif inteniient à la demande des organisateurs «car il est important que ces derniers soient partie prenante de la démarche».
«Attention, notre présence ne leur enlève aucune responsabilité» ajoute Damien Thabourey en référence à des demandes fréquentes. Telle celle de cette dame souhaitant la présence du collectif «pour que la soirée se passe bien». «Nous ne faisons pas d'intervention sanitaire et ce n'est pas parce que nous sommes là que le public ne va pas consommer››.
«La fête est la porte d'entrée à la consommation de produits psychoactifs. Au premier rang desquels I'al-cool, produit légal et culturellement recommandé. Et puis le cannabis, les drogues de synthèse, ecstasy, LSD, cocaïne. Cette dernière, par exemple, est de plus en plus consommée et accessible››.
Les membres du collectif s'interdisent tout jugement. Lors des concerts, ils accueillent le public en distribuant bouchons d'oreille et préservatifs. Leur stand se veut convivial, avec thé, café, gâteaux. Il est installé un peu à l'éoari pour informer, écouter, discuter jusqu'à la fin dela soirée. «C'est ou vert et libre, nous ne sommes pas des gâcheurs de fête. Les gens viennent pour s'amuser et pour certains cela signifie consommer des produits. ll faut le respecter. Nous les écoutons et essayons de réfléchir avec eux sur la façon de limiter les risques, au cas par cas, en fonction de leurs habitudes, leur environnement».
Plus que sur le mode de comportement, c'est sur la façon de l'aborder que le collectif entend agir. «Je ne crois pas qu'il y ait tellement de prises de risque délibérées. Quand on donne aux toxicomanes un moyen de le réduire, ils s'en saisissent. Lors de l'an'ivée du Sida par exemple, on a insisté sur la nécessité d'utiliser des seringues propres et ils ont adopté cette habitude». A un autre niveau, et bien que les conséquences sur la santé soient de moindre gravité, «les bouchons d'oreille marchent très très bien››. Là aussi, quand ils sont infomés des risques, les usa- gers en tiennent compte.
Stéphane Paris
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