La désaffection qui touche les filières scientifiques est amplifiée en ce qui concerne les filles. En effet elles continuent à peu s'orienter vers des études scientifiques, alors qu'elles obtiennent souvent de brillants résultats au bac scientifique (48 % de jeunes filles en terminale S mais 12,4 % de jeunes filles dans les écoles d'ingénieurs de l'académie). Les filles réussissent mieux en moyenne que les garçons, re-oublent moins et obtiennent plus souvent le baccalauréat. Mais au moment de s'orienter dans les études supérieures elles continuent à entamer des carrières plus «traditionnelles» et moins rentables, perdant de la sorte une partie de l'avantage de leur meilleure réussite scolaire. Ce phénomène reste difficilement explicable mais pourrait trouver son origine dans le fait que, d'après Jeanine Bonamy (chargée de mission à l'égalité des chances hommes femmes à l'Université de Franche-Comté), les filles manquent de confiance en elles au moment de s'orienter professionnellement. Alors qu'elles sont plus studieuses, elles hésitent et exigent beaucoup plus d'elles-mêmes que les garçons qui oseraient plus facilement se lancer avec des notes moyennes.
Une telle inégalité tient également à la persistance de certains stéréotypes sexistes selon lesquels certains métiers seraient réservés aux hommes et d'autres aux femmes. Difficile à quiconque de citer une réussite scientifique féminine autre que Marie Curie, les garçons reçoivent des jouets techniques dès leur tout jeune âge et globalement l'imaginaire collectif favorise les garçons qui se dirigent plus facilement vers des filières d'élitisme. Il s'agit là d'un ensemble de critères assez complexe, constitué à la fois d'acquis culturels et d'idées influencées par l'environnement social et familial.
Les filles auraient aussi moins d'ambition personnelle. En général « les garçons veulent réussir dans la vie, les filles réussir leur vie » estime Jeanine Bonamy.
Tous ces facteurs contribuent à ce que les filles ne soient pas mises en situation pour se lancer dans des carrières scientifiques. Et pourtant quand les filles réussissent dans des disciplines universitaires très peu féminisées comme la physique, l'électronique ou l'informatique, elles s'avèrent extrêmement brillantes. « Dans ce genre d'environnement masculin, il faut toujours se battre pour prouver deux fois plus que les autres, on exige beaucoup plus des filles » souligne Jeanine Bonamy. En délaissant les domaines scientifiques les femmes se ferment l'accès aux emplois les plus qualifiés et mieux rémunérés et se destinent à des emplois souvent plus précaires. Ajoutons à cela le pernicieux phénomène du «plafond de verre», cet ensemble d'obstacles invisibles qui empêche l'accès des femmes aux postes de responsabilité dans tous les domaines de la vie professionnelle, syndicale ou politique. Il importe donc d'oeuvrer pour une réelle mixité en incitant les filles à s'engager davantage dans des carrières scientifiques et technologiques, grâce à une meilleure information sur les opportunités offertes par les sciences. Les moyens : des campagnes médiatiques, une discrimination positive par le biais d'aides financières pour les filles et de prix d'encouragements pour des projets
scientifiques mis en place par des femmes. Et Jeanine Bonamy de conclure : « Si nous voulons une égalité équilibrée, il faut impérativement améliorer l'orientation scolaire trop souvent déterminée par des stéréotypes attachés aux rôles sociaux féminins et masculins et afin d'adapter les formations aux perspectives d'emploi, mener une action volontariste en faveur des carrières scientifiques mais aussi éduquer les jeunes au respect mutuel ».
Magali Urbain
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