L’Aledd organise des loisirs pour les jeunes en situation de handicap à Besançon, mais un tiers de ses adhérents viennent de loin, Ornans, Vesoul, Montbéliard ou même du Jura. Un rayonnement régional qui révèle la faiblesse de l’offre dans ce domaine : spontanément, Yannick Varin, directeur de l'Aledd, cite le centre Pierre Croppet à Besançon ou Loisirs pluriel à Belfort. Encore plus rare, l’Aledd propose un accueil particulièrement large en termes d’âge et de degré de handicap.
L’Association pour le lien, l’entraide et le droit à la différence fête 20 ans d’activités cette année. Elle a été créée par deux mères d’enfants en situation de handicap moteur. Leur constat de l'époque est toujours vrai : une accessibilité aux loisirs difficile voire inexistante alors que leurs frères et sœurs avaient un choix pléthorique.
Une soixantaine d’enfants (1) accèdent à l’accueil de loisirs agréé Jeunesse et Sports de l’Aledd. A Palente, dans les locaux de l’école Condorcet mis à disposition par la Ville ou aux Jardins familiaux, ils bénéficient d’activités sur place. Mais l’Aledd se targue de les emmener en sorties autant que possible. «Nous avons l’objectif d’ouvrir sur le monde et la cité. Chaque mercredi, 2 ou 3 groupes sortent. Et l’on constate que les lieux culturels ou sportifs s’adaptent, créent des outils, des parcours. Ce n’était pas le cas il y a 15 ans. Par exemple il y a désormais des luges adaptées à la patinoire. Sortir est essentiel pour que nos jeunes acquièrent un maximum d’autonomie, même si l’on sait que ce ne sera jamais à 100 %» insiste Yannick Varin.
Maintenir
des tarifs accessibles
Aux activités des mercredis et petites vacances, l’Aledd ajoute des séjours de vacances (dans les Alpes, le sud et dans la région, avec des animateurs formés, utilisant les mêmes outls que les éducateurs d’IME) . Mais le maintien de toutes ces propositions se complique. «Les difficultés s’accentuent avec les baisses de subventions. Là où il y a 4 ans, nous cherchions 5000 euros pour atteindre l’équilibre, aujourd’hui, c’est 25000. Et l’on ne veut pas faire payer aux parents le surcoût lié à la prise en charge du handicap. Dans notre secteur, il faut quasiment un animateur par enfant, mais nous essayons de faire en sorte que le prix soit le même que pour tout autre accueil de loisirs.»
Malgré les baisses de subventions, Yannick Varin espère maintenir les accueils deux samedis par mois. Avec l’organisation de moments conviviaux pour les familles, l’idée rejoint l’autre grand axe de la politique de l’association. «Dès le départ, l’idée était d’offrir une solution de répit aux familles pour se ressourcer, profiter de la fratrie ou maintenir des activités. Notre objectif est de travailler auprès des familles, d’autant que nombre d’entre elles sont monoparentales, isolées socialement». Chronophage, le handicap oblige à des sacrifices. «Les familles se restreignent elles-mêmes dans leurs sorties et leur vie sociale. Nos moments conviviaux leur donnent l’occasion de sortir. Ils s’adressent à elles dans leur globalité, avec les frères et sœurs. Ces derniers voient que l’on peut vivre des moments forts, cela peut resserrer les liens de la cellule familiale en permettant aux familles de se rencontrer et d’échanger. C’est le sens de l’agrément espace de vie sociale que nous a octroyé la CAF en avril : développer des actions pour que les familles reprennent vie dans la cité».
Dernier rôle, et non des moindres, l’Aledd se pose en porte-parole de ces familles auprès des pouvoirs publics. «Elles ont des envies et des demandes qu’elles n’osent pas faire à titre personnel». Un exemple parmi d’autres : la reconnaissance et la prise en compte pour la retraite de la réduction du temps de travail que les parents d’enfants handicapés sont obligés d’adopter.
Stéphane Paris
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