En juillet dernier, lors de son déplacement en Franche-Comté, Michel Duffour, secrétaire d'Etat au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle, signait une convention régionale en faveur du développement de la culture dans le secteur hospitalier. « L'hôpital aujourd'hui n'est plus seulement un lieu de technique : c'est un lieu de vie, qui doit être perceptible en tant que tel à l'usager estimait-il. Un séjour à l'hôpital peut être une occasion de prendre, ou de reprendre, contact avec la culture ». Le ministre rappelait également que « la relation entre l'art et la santé était une histoire ancienne» , évoquant la richesse du patrimoine hospitalier mais aussi la présence dans les hôpitaux d'autrefois de salles de spectacles.
Histoire ancienne, mais un peu oubliée. Au début du XXIe siècle, la présence d'artistes à l'hôpital est plus souvent l'exception que la règle. Dans bon nombre de cas, la culture se limite à une bibliothèque assurée par bénévolat ou quelques spectacles pour enfants. D'après le ministre, « les évolutions technologiques ont, dans un passé récent, relégué au second plan l'aspect culturel, et certains hôpitaux ont pu donner l'impression d'un univers d'où l'humain est exclu ». Jusqu'à ce qu'en mai 1999, une convention entre le ministère de la Culture et le secrétariat d'Etat à la Santé ravive l'intérêt d'un rapprochement. Pour Michel Duffour, il s'agit d'oeuvrer « ensemble pour un hôpital plus humain, plus ouvert, plus attentif aux personnes et, parallèlement, pour une culture plus partagée et plus proche ». Mais la tradition, autant que le manque de connaissances mutuelles des deux milieux ralentit le mouvement. Seules 5 régions, dont la Franche-Comté, ont pour lors enregitré une signature de convention entre la Drac (direction régionale des Affaires culturelles) et l'ARH (Agence régionale de l'hospitalisation). Dans la région, les actions entamées se comptent pour l'instant sur les doigts : un partenariat entre le centre polyphonique et l'hôpital Pasteur de Dole, l'organisation d'un jumelage entre le musée Baron-Martin de Gray et l'hôpital du Val de Saône, une intervention du CDN à l'hôpital de Novillars. D'autres projets sont entrevus, à Lure et Luxeuil ou encore au CHU de Besançon où sont évoqués des ateliers d'écriture.
Chargé de faire office d'interface entre les deux milieux, Accolad (association comtoise de coopération pour la lecture, l'audiovisuel et la documentation) reconnaît que jusqu'à présent la présence de la culture à l'hôpital dépend fortement des déterminismes locaux. De la volonté.du personnel à prendre en charge bénévolement cet aspect. Ou plus rare, de celle du directeur, à nommer un responsable culturel et à lui octroyer un pourcentage de son temps pour ce rôle. Mais si certains établissements comme celui de Morez ont pris l'habitude de se préoccuper de culture, d'autres n'en n'ont cure, estimant que leur priorité n'est pas là. Les conventions interministérielle et régionale sont un premier pas, mais les projets sont longs à se dessiner. « D'autant qu'il ne s'agit pas de sous-culture ou de faire de l'occ-pationnel insiste Bernadette Lefèvre, chargée du dossier jusqu'au mois dernier à Accolad. Il faut que l'offre culturelle soit de qualité notamment parce que l'on touche des gens qui ont plus de temps que d'habitude, qui, parfois, n'ont pas beaucoup de contacts avec la culture et qui peut-être y prendront goût et s'en rapprocheront une fois sortis de l'hôpital. Cela implique des artistes professionnels mais les milieux de la santé ont un peu de mal à devoir verser de l'argent dans un secteur qui n'est pas leur priorité. Cela implique aussi que le personnel de l'hôpital chargé du dossier soit un minimum formé ».
Non content de sensibiliser et rapprocher les deux milieux, Accolad va d'ailleurs proposer des ses-sions de formation aux responsables culturels hospitaliers. « Notre souhait résume Marie-Josèphe Mitjana, qui a pris le relais de Bernadette Lefèvre à Accolad, n'est pas de voir des produits de consommation culturelle parachutés à l'hôpital, mais qu'il y ait un accompagnement, un travail dans lequel la personne hospitalisée a un rôle actif».
Le cas, parmi d'autres, d'une école de musique au sein de l'hôpital de Chambéry, prouve que cette volonté n'est pas utopique. Cette notion d'ouverture est d'ailleurs réciproque, puisque les artistes doivent aussi sortir de leurs salles, aller vers des publics spécifiques, ce qui ne va pas non plus sans obligations particulières. « Il faut créer des relations de confiance, une connaissance mutuelle. C'est pour cette raison que les projets sont longs à se mettre en route ».
Stéphane Paris
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