Ici et maintenant : voilà en deux mots comment les associations franc-comtoises réunies au sein d'un « collectif d'associations pour l'éducation au développement » entendent oeuvrer pour un meilleur développement planétaire. En faisant comprendre une logique, en lançant des appels, en mobilisant et en impliquant citoyens et « décideurs ». Premier acte : une semaine d'information intitulée « Une semaine, un seul monde », du 4 au 10 novembre à Besançon. Au coeur de cette démarche, une conviction, qui balaye les scepticismes et les accusations d'utopie : même si les pays dits en voie de développement semblent lointain, même si leurs difficultés sont tellement écrasantes qu'elles paraissent insurmontables (aujourd'hui, par exemple, 800 millions de personnes sont sous-alimentées dans le monde), il est possible d'agir ici pour atténuer les inégalités et améliorer le sort de la planète. Pour les membres du collectif, il s'agit aussi de dire que tout le monde est concerné, qu'on le veuille ou non : « Les ressources de la planète sont finies, la population s'accroît, les inégalités grandissent... Dans ce contexte la question qui se pose est : est-ce que l'on continue à se goinfrer ou est-ce qu'on partage ? De toutes façons, vu l'évolution, il faudra partager un jour ou l'autre ou alors on court à la catastrophe. Alors autant penser à nos enfants, à l'avenir, et se dire «Soyons égoïstes, partageons ! » martèle Annie Simon du Crid (Centre de recherche et d'information sur le développement). Les intiatives se veulent locale dans l'action, mais elles répondent à un mouvement international, né à la suite du Sommet planète Terre, qui avait réuni 150 Etats à Rio en juin 1992. « Si les textes adoptés alors étaient appliqués, ils impliqueraient des changements sociaux importants en termes de solidarité Nord-Sud. S'ils étaient appliqués, ce serait révolutionnaire... » lance Annie Simon.
Pour le moment, la Conférence de Rio a généré des dynamiques, qui commencent à se multiplier. En France, le Crid et 4D (Dossiers et débats pour le développement durable) tentent d'impulser l'éducation et la sensibilisation au développement. Ces deux associations cherchent en particulier à favoriser la naissance de « Pactes 21 » : nés des textes signés par les Etats à Rio en 1992, ces pactes constituent des « programmes d'action à l'échelle de la collectivité locale mis en place avec l'ensemble des acteurs sociaux et les autorités locales ». Dans le Nord de l'Europe, 40 % des collectivités ont adopté un Pacte 21 (70 % en Suède !). Pour que la Franche-Comté ne soit pas en reste, le collectif organise donc une semaine d'information en novembre. Il a également d'ores et déjà demandé à la ville de Besançon de mettre en oeuvre un Pacte 21. Enfin, il entend installer dès l'an prochain un centre de ressources pour l'éducation au développement en Franche-Comté
Des comportements de citoyen
Ce collectif d'associations espère ainsi montrer la voie, dynamiser les initiatives, inscrire les démarches dans une
perspective planétaire. Mais il souligne que ces problèmes de développement sont avant tout une question d'individu et de citoyenneté. Ses représentants aimeraient faire comprendre à chacun que les conséquences des pratiques quotidiennes ici sur les difficultés là-bas sont évidentes. Qu'il s'agit de « faire le lien entre tous les niveaux, comme le rappelle Sylvain Vaivre, coordonnateur du collectif : l'environnement, le social, l'économique ». Et donc qu'une attention aigüe à nos comportements serait déjà un grand pas en avant : « Il y a une telle abondance dans notre société qu'on n'a pas la notion de l'utilité dès choses. On ne peut pas continuer dans nos pratiques quotidiennes à gaspiller. La solidarité commence à notre porte » souligne Annie Simon.
On peut avoir prise sur la réalité
D'abord les changements de comportements. Ensuite l'action : « Beaucoup de gens disent : « c'est à ce point-là, alors on ne peut rien faire». Or cm a prise sur la réalité ! » reprend Annie Simon. En se regroupant, les associations franc-comtoises veulent rappeler qu'il est possible d'agir, « contre la fatalité liée à l'information qui frappe d'inertie » : interpeller les décideurs, boycotter les produits nés de l'exploitation, faire avancer les propositions, diffuser et informer, éduquer... les idées d'action à tous les niveaux sont nombreuses au sein du collectif. Selon Jean-Pierre Amiotte, du Comité catholique contre la faim et pour le développement, « on se regroupe pour montrer qu'il y a une synergie à développer. Il y a l'envie qu'il y ait un plus en élaborant des réseaux. Si les choses ne bougent pas en profondeur ici, ça veut dire qu'on ne traite pas les pays en voie de développement comme de véritables partenaires. Il faut changer ici, pour changer là-bas ! »
« C'est une logique de démocratie participative souligne Sylvain Vaivre. L'opinion peut peser sur les décisions politiques et économiques. Les citoyens peuvent s'exprimer, peuvent consommer différemment. Une étude du Credoc révèle que 36 % des gens sont prêts à mettre de l'humanitaire dans leur consommation, quitte à payer plus cher. Ce type d'action dans la vie de tous les jours répond à quelque chose chez les gens ». Pour ceux qui veulent savoir comment agir, aucun problème : il suffit de contacter les associations du collectif.
Stéphane Paris.
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