Les mouvements sectaires commencent à préoccuper le gouvernement : le ministère de la Jeunesse et des Sports vient de lancer une campagne sur le sujet («Sectes, attention danger») et un observatoire interministériel a été constitué depuis le mois de septembre. Auparavant, un rapport de l'Assemblée nationale fait au nom de la commission d'enquête sur les sectes a été enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 22 décembre 1995 et mis en distribution le 10 janvier 1996. Le rapport de la commission présidée par Alain Gest conclut que le phénomène des sectes, difficile à appréhender, semble se développer et qu'une nécessité de riposte adaptée ne justifie cependant pas de révolution juridique. Le rapport s'appuie notamment sur «le travail d'un très grand intérêt réalisé par la direction centrale des renseignements généraux, sur les recherches et les analyses menées par des spécialistes de différentes disciplines, enfin sur les témoignages oraux ou écrits de personnes ayant elles-mêmes vécu au sein d'une secte ou dont les proches ont connu ou connaissent cette expérience». Parmi les indices permettant de supposer l'éventuelle réalité de soupçons conduisant à qualifier de secte un mouvement se présentant comme religieux, la commission a retenu, faisant siens les critères utilisés par les renseignements généraux : la déstabilisation mentale, le caractère exorbitant des exigences financières, la rupture induite avec l'environnement d'origine, les atteintes à l'intégrité physique, l'embrigadement des enfants, le discours plus ou moins antisocial, les troubles à l'ordre public, l'importance des démêlés judiciaires, l'éventuel détournement des circuits économiques traditionnels et les tentatives d'infiltration des pouvoirs publics. Le rapport recense 172 «orgariisations-mères» et 800 «satellites» répondant à l'un de ces critères. Il remarque que «les régions Centre, Nord-Pas-de-Calais, Maine et Loire, Franche-Comté semblent relativement épargnées» et que les «lieux de cultes («salles du royaume») des Témoins de Jéhovah sont nombreux dans un certain nombre de départements peu touchés par le phénomène sectaire, notamment le Calvados, le Finistère, les Pyrénées Atlantiques, le Doubs». En conclusion, le rapport note : «L'Etat ne peut, à l'évidence, laisser se développer en son sein ce qui, à beaucoup d'égards, s'apparente à un véritable fléau. Rester passif serait en effet non seulement irresponsable à l'égard des personnes touchées ou susceptibles de l'être, mais dangereux pour les principes démocratiques sur lesquels est fondée notre République».
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