Une réalité chez les nouvelles générations : elles boivent moins, mais de façon plus intense et commencent de plus en plus tôt. En 2007, l’âge moyen de la première consommation était 13,2 ans chez les garçons, 13,6 chez les filles. La première ivresse se situait à un peu plus de 15 ans chez les garçons comme chez les filles. À 16 ans, un peu moins de la moitié des jeunes déclarent avoir déjà été ivres au cours de leur vie, plus d’un tiers au cours de l’année écoulée dont 3,5 % au moins 10 fois. De nombreuses enquêtes soulignent une consommation de groupe et un aspect compétitif, surtout chez les garçons. Ces aspects sont évidement renforcés par la «mode» du binge drinking ou biture express. Le phénomène n’est pas réservé aux jeunes français, loin de là. La France est même l’un des pays où il est le moins pratiqué selon une étude de 2007, l’Irlande, le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège et la Pologne tenant le haut du pavé. En termes de consommation, les jeunes français sont au 15e rang des Européens (les Autrichiens sont les plus gros consommateurs, les Islandais les plus faibles). Reste que l’alcool est partout le produit psychoactif le plus diffusé.
L'ouvrage "Addictologie clinique" paru aix éditions Puf sous la direction d'Eric-Pierre Toubiana fait état d'études récentes à propos du binge drinking : elles établissent une forte corrélation entre cette pratique et les mauvais résultats scolaires, ainsi qu’entre binge drinking et conduites à risques (rapports sexuels non protégés, circulation dans un véhicule conduit par une personne ivre, usage d’autres substances, suicide, violences physiques). Elles remarquent que ce mode de consommation d’alcool est en France encore «relativement restreint par rapport à d’autres pays du Nord de l’Europe», que «les données ne montrent pas d’augmentation spectaculaire parmi les adolescents» mais qu’«en revanche, il existe de fortes consommations dans certains milieux universitaires».
Qu'en pense-t-on au service universitaire de médecine préventive de la santé (ou Sumpps), bien placé pour observer l'évolution des pratiques étudiantes ? «La période des études est traditionnellement une période où l’on consomme
plus d’alcool cadre Corinne Lesueur-Chatot, la directrice du service à l’Université de Franche-Comté. Mais chaque génération a ses pratiques et actuellement, c'est la défonce rapide. Notre rôle est de bien les informer pour qu’ils évitent la surconsommation et le risque de dépendance ultérieure».
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