Cinq cent vingt-cinq interpellations dans le Doubs en 93, un mort par overdose à Besançon en 94, le département ne se distingue ni plus ni moins que d'autres. Une satisfaction, les arrestations pour usage de cocaïne n'existent pratiquement pas ici. Pour le reste, Besançon est représentatif du marché français. A commencer par la drogue chez les mineurs, qui selon M. Erny «existe partout, plus ou moins en fonction du tissu social du quartier». A noter un attrait particulier pour le cannabis à Besançon, «avec des zones de fourniture privilégiées : essentiellement Lyon et Marseille, très souvent dans les milieux maghrébins. En ce qui concerne l'héroïne, le ravitaillement a lieu en Suisse. Le plus gros marché, c'est Berne et surtout Zurich. Accessoirement, toutes drogues confondues, des individus vont se ravitailler en Hollande. C'est dans le domaine public, c'est le trafic de n'importe qui».
Quant aux dealers de la région, «ils sont issus des groupes urbains à problème, il n'y a pas de mystère. Où il y a concentration de problèmes, il y a terrain favorable à la vente parce qu'il y a une concentration d'individus qui résultent de procédés d'exclusion et qu'il faut bien qu'ils vivent» précise M. Erny. Reste une évolution récente : les revendeurs de cannabis il y a 3 ans sont devenus des consommateurs d'héroïne. «Ils l'ont d'abord sniffée, ensuite ils la fument et ils se piquent. Cela correspond à l'effondrement du prix de la drogue en Suisse. En l'espace d'une année, elle est passée de 800 francs français le gramme d'héroïne à 100 francs. Ce qui ne vaut pas plus qu'une barrette de 2 grammes de cannabis en France. Et maintenant, ces consommateurs sont passés dealers d'héroïne et ont étendu la dispersion du produit. Et ils vendent à une population d'utilisateurs de cannabis avec qui ils sont en rapport, parce que faisant partie des mêmes circuits de distribution».
En Suisse, on constate que les revendeurs sont plus actifs car ils doivent vendre plus pour réaliser le même bénéfice. La drogue bon marché devient accessible à une population moins argentée et plus jeune. Et le taux de délinquance, au lieu de régresser parce que la drogue est bon marché, augmente.
S.P.
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