Comment se porte l'industrie franc-comtoise dans le contexte actuel ?
Je dirais que notre région est un peu à l'image du pays dans son ensemble. Si certains secteurs souffrent durablement de la crise et surtout d’une grande incertitude sur les carnets de commande à court et moyen termes, comme l’industrie automobile et ses sous-traitants, ou encore le BTP, qui souffre particulièrement en ce moment, certaines filières présentent un bilan beaucoup plus positif, comme celles liées au luxe, à la finition soignée ou encore à tout ce qui ressort du domaine médical ou aéronautique. Plus la valeur ajoutée locale est importante, plus nos entreprises sont compétitives et en mesure de résister à la conjoncture du moment.
Plus généralement, la région est-elle un environnement favorable au développement industriel ?
Par son histoire et ses traditions, notre région est l’un des berceaux de l’industrie française. Son dynamisme actuel est très directement lié à notre passé : le Nord Franche-Comté est un des berceaux de l’automobile française, comme Besançon et la zone frontalière sont des terres de précision et d’innovation du fait de leur passé horloger. De plus, dans notre région, les pouvoirs publics connaissent relativement bien l'entreprise en général et l'industrie en particulier. Les itinéraires professionnels et personnels de certains élus, en témoignent.
Quels sont ses atouts ?
Nos atouts sont nombreux, à commencer par un héritage et une culture industrielle forte et ancienne, qui aboutit à un potentiel en termes de savoir-faire tout à fait exceptionnel, le tout au service de filières fortes et structurées (automobile, micromécanique, plasturgie, bois, agroalimentaire, BTP, énergie, …). Concrètement, ce paysage explique une balance commerciale remarquable, notamment renforcée par la proximité des deux marchés clés que sont pour nous la Suisse et l’Allemagne.
Quelles sont ses inconvénients et difficultés ?
On ne peut nier nos risques et faiblesses, notamment liées à une réelle dépendance à l'industrie automobile. De même, il convient de noter que notre petite région, du fait d’une taille que l’on pourrait qualifier de sous-critique, apparaît sous maints aspects comme étant sous influence. Notre zone frontalière pourrait illustrer ce phénomène. A cette petite taille géographique semble répondre la taille modeste de nos entreprises souvent insuffisamment dotées en termes de fonctions R&D et commerciales/marketing, pourtant nécessaires à la conquête de nouveaux marchés.
La formation est-elle adaptée ?
Du fait de ce passé industriel, de la réelle proximité entre monde de l’entreprise et pouvoirs publics, on peut dire que l’offre de formation régionale est globalement satisfaisante. Les branches professionnelles, et notamment l’UIMM, ont une grande expérience dans le domaine. Les Chambres de Commerce et d’Industrie sont elles même au cœur du système : on ne doit pas oublier qu’elles sont le deuxième formateur de France derrière l’Education Nationale. L’IMEA à Besançon, l’ESTA à Belfort, ou nos centres de formation (EGC, ECD), dans le Jura et en Haute-Saône constitue un maillage unique qui prépare aux métiers du commerce et de l’encadrement. Notre centre de formation des apprentis, ISA, accueille par ailleurs 250 jeunes qui deviendront autant d’acteurs du développement économique de notre région.
Mais certaines entreprises ont du mal à recruter pour certains postes.
La question des compétences est capitale : le savoir-faire humain est la première valeur ajoutée d’une entreprise. Il est vrai que malgré un taux de chômage élevé, les entreprises connaissent parfois des difficultés à recruter des jeunes bien formés et opérationnels, notamment sur des métiers techniques. C’est là l’héritage d’une période où les métiers de l’industrie étaient mal jugés par les prescripteurs en matière d’orientation. Or, les métiers de l’industrie sont passionnants, bien rémunérés, et les perspectives de carrière sont remarquables quand on les compare à d’autres secteurs d’activité. Il s’agit de casser l’image anachronique attachée aux métiers de l’industrie et d’ouvrir l’entreprise aux jeunes pour leur donner envie de s’engager là où la richesse est créée, et là où le mot innovation a le plus de sens. Avec le Conseil régional et quelques autres, nous allons d’ailleurs prendre des initiatives en ce sens.
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