A La Cluse-et-Mijoux, l’entreprise Frambourg occupe une position qui amplifie l’un des problèmes récurrents de l’industrie franc-comtoise : la Suisse est à 8 km. «On a formé de nombreux soudeurs qui sont tous partis» déclare Antoine Gry, le chef d’entreprise. Garder ses salariés n’est pas toujours facile, mais il a quelques solutions : «proposer une grosse mutuelle ou encore embaucher quelqu’un dont le conjoint travaille déjà en Suisse, car dans un couple, en général, un salaire suisse suffit !».
Mais la Suisse ne fait que renforcer un problème qui existe sans elle : la difficulté de l’industrie à trouver de la main d’œuvre pour certains postes. «Vous voulez un peintre, il n’y en a pas. J’ai cherché un conducteur de machine numérique sans le trouver. Alors j’ai formé quelqu’un en interne qui est parti une fois qualifié. L’industrie a une image archaïque résume Antoine Gry. Ca ne fait pas noble ou valorisant d’être dans la métallurgie. On se salit les mains. Pourtant, les conditions de travail ont beaucoup changé». Son entreprise en est témoin : ateliers propres, bruit largement acceptable, employés loin d’être figés à leur poste de production. A l’image de Stan Venck, 30 ans, ils s’y sentent bien. Voilà quatre ans qu’il est là après avoir fait de la pâtisserie, de la boucherie industrialisée, de la charpente métallique ou de l’intérim chez Peugeot. «J’aime bien travailler ici, c’est une boîte familiale, avec un esprit d’équipe et des conditions de travail qui sont loin d’être pénibles».
Frambourg est une entreprise familiale créée en 1908 dans les Vosges, arrivée en 1920 en Franche-Comté. Depuis les années 70, elle s’est spécialisée dans le mobilier à vocation commerciale. Le showroom révèle des présentoirs et totems de toutes tailles et toutes formes servant de supports à lunettes, robinets, magazines, etc. Sur 3500 m2, les divers ateliers servent à transformer l’acier. Le couper, le déformer, l’assembler, mais aussi le peindre et l’emballer. Des investissements récents ont permis d’améliorer la production, notamment dans l’atelier peinture ou du côté de la soudure, l’apport d’un soudeur semi-robotisée permettant de pallier une main d’œuvre introuvable.
«On vient de rapatrier une machine-outil de Chine car on a pu concevoir une pièce avec moins de soudures et donc moins d’interventions humaines. Cela nous permet d’être plus réactif et de raccourcir les délais».
La clientèle est nationale. Mais, s’il aime son installation, Antoine Gry y voit un inconvénient majeur : les voies d’accès. «Pontarlier, c’est compliqué, alors on a adapté nos horaires en fonction des bouchons. Mais le problème principal, c’est l’hiver. Quand les camions sont bloqués, toute la production est arrêtée».
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