Est-il facile d’exercer un métier d’art ?
«Non, ce n’est pas évident». La réponse, immédiate, émane de 5 créatrices réunies à Arc-et-Senans à l’occasion des journées européennes des métiers d’art, début avril.
«Si vous voulez gagner de l’argent, ce n’est pas la peine» résume
Meïka, conceptrice de luminaires depuis un an. Echo de ses collègues :
«Oubliez la piscine dans le jardin. Et le jardin aussi d’ailleurs».
«Ce n’est pas facile, il faut s’accrocher» confirme Marie, qui tient l’atelier de bijouterie
"Domaine des songes" avec deux associés. Parmi les principaux inconvénients : vies de famille et professionnelle pas évidentes à concilier, horaires conséquents et variables, absences compliquées à gérer, congés difficiles à prendre.
«Quand on est seule, on est au champ, au moulin, au comptoir» sourit Anaïs Vincent, créatrice d’un
atelier de cuir à Arc-et-Senans.
«Il faut être à la fois artisan, commercial et comptable» acquiesce Anna Parot, céramiste dans la même commune (
"Entre sel et terre").
Mais toutes s’accrochent, aucune ne regrette son choix. Même celles qui viennent d’un autre secteur, à l’image de Marie qui a auparavant travaillé dans le tourisme.
«Salarié, on est payé tous les mois. Alors que là on ne peut jamais prévoir». Et même si
«en France, quand on veut se mettre à son compte, on n’est pas vraiment encouragé. C’est quand même un parcours du combattant» souligne Anna.
Une vingtaine de domaines
Malgré tout, ils sont environ 900 à exercer en Bourgogne-Franche-Comté. Leur point commun ? Selon l’
Institut national des métiers d’art, ce sont des
«professionnels qui façonnent, restaurent, imaginent des pièces d’exception à la croisée du beau et de l’utile. Un métier d’art peut être défini par l’association de trois critères : des savoir-faire complexes pour transformer la matière, la production d’objets uniques ou des petites séries qui présentent un caractère artistique, la maîtrise d’un métier dans sa globalité». Une vingtaine de domaine sont concernés, de l’art floral au verre en passant par le bois et la pierre.
Anaïs Vincent s’est installée après avoir été formée et travaillé dans les grandes entreprises de luxe.
«C’était une forme de sécurité de l’emploi mais c’était monotone. J’avais envie d’exprimer ma créativité. Quand on est créatif et que l’on a besoin de développer cet aspect, il vaut mieux se lancer. La liberté a un prix mais c’est une belle aventure. Même si on se lève plus tôt et on se couche plus tard». Le faire en autoentreprise permet de se libérer de certaines charges administratives et de démarrer sans prendre de risques. Pour mettre tous les atouts de son côté, un conseil principal : connaître tous les aspects de son métier, de A à Z.
«On est son propre patron, on gère son temps, on travaille chez soi, on est en recherche constante, on ne s’ennuie pas» sourit Virginie Blanchard, qui ne voulait plus être
«architecte, tout le temps devant un ordi» avant de devenir céramiste à La Chapelle-sur-Furieuse (
"l’Atelier des furieux").
Surtout, toutes 5 travaillent dans un domaine qui les passionne. Anaïs et Marie estiment également que l’environnement régional est propice, dynamique, notamment en termes de marchés.
«On sent que l’on revient au savoir-faire local. Il y a eu une période "made in China" mais aujourd’hui, il y a une sensibilité du public à consommer autrement».
Stéphane Paris
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