Avec des boules rouges et blanches pour représenter les molécules, et une pile décomposée, Basile explique comment l’hydrogène peut alimenter un moteur électrique grâce à une pile à combustible. Sur le Forum hydrogène de Montbéliard, en novembre dernier, lui et ses camarades du cursus master en ingénierie (CMI) hydrogène, énergie, efficacité énergétique (H3E), ont fait découvrir leur spécialité aux visiteurs, à travers un parcours pédagogique. Leur formation, en 5 ans, est accessible après le bac. « Il faut aimer la physique », prévient Lyna, en 1re année. « On suit un cursus de licence sciences pour l’ingénieur, et nous avons des cours en plus sur l’hydrogène », résume Kyliann, lui aussi en L1. Au total, les étudiants du CMI cumulent 10 modules supplémentaires, soit l’équivalent d’un an de cours, par rapport aux autres étudiants de la licence SPI et du master énergie.
Une filière en croissance
« Peu de monde connaît l’hydrogène », constate Naouel, en L3. Pourtant, de nombreuses entreprises cherchent à développer ce gaz pour faire rouler des voitures, des camions, des trains et même voler des avions. L’hydrogène serait en effet moins polluant que le gazole ou l’essence, car il ne rejette que de l’eau. Mais aujourd’hui, il est majoritairement produit à partir d’hydrocarbures – charbon, pétrole – grâce à un processus qui dégage beaucoup de dioxyde de carbone. Cependant, des procédés « décarbonés » existent : l’électrolyse permet de récupérer de l’hydrogène à partir de l’eau. C’est cette technique que souhaite développer le gouvernement. « Cette filière est donc en forte croissance », observe Daniel Hissel, directeur adjoint de la Fédération nationale de recherche sur l’hydrogène au CNRS, et fondateur du CMI H3E. 100 000 emplois liés à l’hydrogène devraient apparaître d’ici 2030 en France, dont une part non négligeable en Bourgogne Franche-Comté, où sont implantées plusieurs entreprises.
Au contact des entreprises et des chercheurs
Ce sont ces « multiples débouchés », mais aussi ce « mélange entre sciences et écologie » qui ont attiré Lyna ou encore Diego vers ce CMI. Mécanique, thermodynamie, électrocynétique… Les étudiants sont formés au secteur de l’énergie en général, mais acquièrent en outre des connaissances spécifiques à l’hydrogène, à travers des cours, mais aussi au contact des industries : « L’an dernier, nous avons visité une entreprise qui produit des véhicules à hydrogène, raconte Kawthar, aujourd’hui en L2, et moi-même, j’ai effectué un stage dans un institut de robotique et de mécanique, dont le laboratoire développait des piles à combustible. »
« Ils portent aussi des projets, accompagnés par des chercheurs, poursuit Nadia Steiner, responsable du CMI. Cette année, ils doivent réaliser le design d’un véhicule de compétition roulant à l’hydrogène », détaille-t-elle.
Après 5 ans d’étude, ces étudiants obtiennent le grade de master, et le label CMI, assimilable au titre d’ingénieur, délivré exclusivement par certaines écoles. Les postes d’ingénieurs, de chargés de projets, de chercheurs, dans de grandes entreprises ou des start-ups, ne manquent pas, d’autant plus dans l’hydrogène.
Camille Jourdan
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