Si le métier de berger se perd, ce n’est pas faute de postulants. Les jeunes seraient même demandeurs.
«Beaucoup nous demandent comment faire et il y a peu de places par rapport aux demandes» annonce Norbert Bournez, membre fondateur de
l’association des bergers du Jura franco-suisse. Il estime à une soixantaine le nombre de professionnels exerçant à l’heure actuel sur 260 alpages du massif jurassien, côté français. Sa définition du métier :
«le berger est celui qui garde un troupeau avec un déplacement en hauteur (transhumance)». Sa saisonnalité implique de trouver une activité complémentaire l’hiver.
Ce métier de jadis qui se dénomme également vacher, chevrier, pâtre, pasteur selon les lieux et les spécialités passe essentiellement par une formation sur le tas.
Quentin Putelat, qui exerce depuis deux ans, donne principalement ce conseil aux jeunes :
«aller à la rencontre des bergers et passer du temps avec eux».
«Le compagnonnage auprès d’un berger sur un alpage est la meilleure solution» confirme Norbert Bournez.
Un rôle touristique
Créée en 1992 pour lutter contre un projet de piste d’essai automobile,
l’association des bergers du Jura franco-suisse a poursuivi son activité en se donnant pour missions de promouvoir, structurer la profession et proposer des formations avec le
lycée agricole de Montmorot. Ses cours ont pour intitulés céréalpages, oiseaux et alpages, pratique de la traction animale, approche des bovins ou piégeage des campagnols (elles n’ont pas lieu en 2014 mais devraient reprendre l’an prochain). Une expérience agricole préalable n’est pas négligeable. Le berger n’est pas seulement un gardien de troupeau : il est aussi là pour s’occuper des bêtes, surveiller leur santé, entretenir les bâtiments, les clôtures et surtout les espaces naturels. Bref, ils occupent et aménagent le paysage, jouant aussi un rôle touristique.
Norbert Bournez décrit trois qualités principales à posséder :
«aimer les animaux, aimer la montagne, savoir se débrouiller en autonomie pendant plusieurs mois». Même si ce n’est pas trop le cas dans le Jura, il faut aussi tenir compte des bêtes sauvages (loups dans les Alpes, ours dans les Pyrénées) et savoir protéger son troupeau.
L’association a également instauré une charte, mis en place un
festival fin mai et créé une seconde association de gestion pastorale du Jura dans l’idée de louer des alpages et d’essayer d’organiser leur fonctionnement.
«Le principal problème, situe Norbert Bournez,
est que les éleveurs français n’ont plus beaucoup les moyens d’embaucher des bergers. Mais il y a du travail. Donc un jeune qui arrive avec une solution de financement, même partielle, par exemple en construisant un projet environnemental ou touristique avec une collectivité, a toutes les chances de pouvoir se faire une place ».
Stéphane Paris
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