mai 2014

Coworking : le travail à l’Usine

Née en 2010, cette structure collective belfortaine rassemble des entrepreneurs individuels et lance une démarche de réflexion sur le sens du travail.
Photo Yves Petit

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Julien Breiner développe des sites web, Jean-Marc Grospellier est infographiste, Christophe Pesme Cansar ingénieur calcul, Fabienne Sire chargée de production et de développement culturel et Maxime Cucherousset projette de créer une activité d’accompagnement des structures d’utilité sociale. Des métiers qui ont a priori peu à voir entre eux. Ces cinq personnes travaillent à leur compte, mais elles ont un autre point commun : elles adhèrent à l’Usine, espace de coworking créé à Belfort en octobre 2010. Un lieu de travail et de partage de bureaux pour entrepreneurs indépendants.
«Je travaille en solo mais pas seul» résume la plaquette de présentation du lieu. Qu’ils soient là depuis deux mois ou un an, leur réflexion est commune. «J’ai travaillé 3 ans et demi chez moi tout seul résume Julien Breiner. Ca va un moment ! Etre ici change tout : on rencontre du monde, on échange, on a plus de visibilité. Et c’est plus sympa». «Même si on ne fait pas tous le même métier, il y a des interactions et de l’émulation, on peut collaborer» ajoute Jean-Marc Grospellier. «A des coûts plus intéressants qu’en ayant un local à soi» note Christophe Pesme Cansar qui a commencé à chercher un lieu pour s’installer à Belfort.

L'un des premiers espaces de coworking en France

Les avantages sont nombreux : avoir un lieu de travail à soi mais sans rester isolé, séparer vie personnelle et profession, faciliter la création d’un réseau, économiser sur certains frais fixes en les partageant.  Il y a aussi un côté boule de neige : le bouche à oreille fonctionne en direct, chacun a accès au réseau des autres coworkers. Des idées, des synergies et des solutions naissent par capillarité, discussion ou rencontre.
«Nous avons été le deuxième ou troisième espace de coworking en France» annonce Emilie Catellano, consultante en communication et graphiste. Elle a lancé l’Usine avec Philippe Martin, lui-même photographe. Hébergé à Techn’hom depuis 2013, le lieu compte 200 m2 de bureaux, espaces communs, salles de réunion.
«Au départ, on ne savait pas ce qu’était le coworking, mais on cherchait une idée pour faire des projets ensemble, se donner de la visibilité, mieux travailler et on est tombé sur la Cantine, premier espace du genre né à Paris. Le projet a germé petit à petit, des partenaires ont accroché et ç a s’est mis en place. Aujourd’hui, il y a une quarantaine d’adhérents. Des gens viennent pour une salle de réunion, d’autres pour une journée».
Parmi les avantages de ce système, la souplesse d’utilisation n’est pas le moindre. L’adhésion va de 10 euros la journée à 200 euros le mois, couvrant locaux, assurance, connexion web, imprimante. Le succès est là : «on était complets jusqu’en mars». Il répond à l’air du temps : depuis 2 ans les espaces de coworking se sont multipliés. Aujourd’hui il existe un label international qui permet notamment d’avoir accès aux autres espaces labellisés lorsqu’on est en déplacement.

Travailler en réfléchissant au travail

Sur la porte d’entrée est affiché l’état d’esprit du lieu. Parmi les phrases clés, «c’est le partage et la mutualisation des moyens, des savoirs en coopération qui feront la loi dans ce lieu ouvert à tous».  La stratégie 2014 annonce que «l’Usine est une entreprise apprenante développant une expertise autour de nouvelles formes d’intelligences coopératives». «On est tous des entrepreneurs mais on travaille en complémentarité plutôt qu’en concurrence, on cherche à mixer intérêts personnels et collectifs. Il y a une grande dimension humaine relate Emilie Castellano, avec l’idée de communauté, presque de solidarité».
Le projet évolue et la réflexion sur cette évolution en fait désormais partie. D’association, l’Usine va passer à société coopérative. Aidée par le Conseil général, l’Usine souhaite être autonome d’ici 3 ans. Les adhérents constituent un conseil de coworkers qui se réunit une fois par mois et assure la «gouvernance», réfléchit aux projets et expérimentations. Et de fil en aiguille, l’Usine devient aussi un lieu de réflexion plus générale sur le travail. A ce titre, elle prépare un événement pour la fin d’année : «Yes we change» mêlera conférences, tables-rondes, workshops pour réfléchir collectivement au sens du travail aujourd’hui.

Stéphane Paris
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