Audrey, 16 ans, a arrêté les cours quand elle est entrée en centre rééducatif. Bryan, lui, a mis fin à son contrat d’apprentissage suite à des mésententes avec l’un de ses collègues. Comme eux, 4 800 jeunes sont en « décrochage scolaire » en Bourgogne-Franche-Comté. Après avoir arrêté leurs études, ils ne suivent pas de formation et ne travaillent pas. Pour leur venir en aide et « ne laisser personne sur le bord de la route », le gouvernement a lancé le plan #1jeune1solution en juillet dernier. Parmi les dispositifs de ce plan, la Promo 16-18 accueille des décrocheurs âgés de 16 à 18 ans. Audrey, Bryan et près de 70 autres Burgo-comtois ont rejoint ce programme au fil des derniers mois, depuis fin novembre. Répartis en petits groupes au sein de huit centres de formation de l’Afpa, ils auront tous 13 semaines pour retrouver goût à apprendre et pour trouver leur voie.
Objectif : 1 300 décrocheurs accompagnés
Sur le plateau de menuiserie, Gabriel et Saad finissent de ranger les outils et de nettoyer l’atelier. Ils ont tous les deux rejoint la promo 16-18 à Chevigny-Saint-Sauveur. Ici, comme à Gray, Vesoul ou Besançon, l’Afpa met à disposition ses locaux, dont ses nombreux plateaux de formation. L’occasion pour Gabriel, Saad et les autres de découvrir, dans des conditions très proches de la réalité, ce que fait un menuisier, mais aussi un électricien, un maçon, un préparateur de commandes… Mais Saad a déjà un projet précis en tête : « Passer le permis Caces [certificat d’aptitude à la conduite en sécurité, ndlr] avant de passer mon permis poids lourd, quand j’aurai 21 ans », explique-t-il.
Comme la plupart de ses camarades, il a été orienté vers la promo 16-18 par sa mission locale. Pour l’instant, les promos ont une capacité d’accueil qui dépasse le nombre de candidats. « Le temps que le dispositif se fasse connaître », note Tone Engen, chargée de communication à l’Afpa. « Notre objectif est d’accompagner plus de 1300 jeunes entre 2020 et 2021 », ajoute-t-elle. Au niveau national, ce sont 35 000 jeunes qui devraient passer par cette promo d’ici la fin de l’année, à raison de 4 mois chacun. Aucune date de « rentrée scolaire » n’est fixée : de nouveaux bénéficiaires peuvent commencer tout au long de l’année et rejoindre des groupes à effectifs restreints – 16 au maximum. « À l’école, on est trop nombreux », regrette Laura. « Ici, on nous demande notre avis », renchérit El Anrif. « Nous souhaitons offrir un parcours décidé par le jeune », confirme Maurice Tubul, haut-commissaire à la lutte contre la pauvreté en Bourgogne-Franche-Comté.
Découvrir sa voie
Sans suivre un emploi du temps figé, les promos 16-18 s’inscrivent dans un planning découpé en plusieurs phases : découverte du programme, identification de ses compétences et de ses envies, construction d’un nouveau projet et préparation à l’entrée dans une nouvelle voie. Au cours de ces quelques mois, les « stagiaires » vaquent d’un plateau technique à un autre, découvrent des métiers susceptibles de leur plaire, apprennent à rédiger des lettres de motivation ou des CV, préparent le code de la route, ou encore s’efforcent de respecter des horaires – du lundi au vendredi de 9 h à 16 h.
Pour Renata, 18 ans, ces quelques semaines passées dans les locaux de l’Afpa n’auront pas été vaines. Après avoir abandonné son CAP de service à la personne âgée, la jeune femme s’est découvert ici une passion pour l’électricité. Elle compte bien entamer une formation pour en faire son métier.
Camille Jourdan
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