Dans un vaste atelier reproduisant les conditions de travail en entreprise, une dizaine de jeunes s’activent avec sérieux sur des machines-outils mécaniques et à commande numérique. On est début juillet, ils finissent leur 1re année de CAP conducteur d’installation de production, à l’Ecole de production de Besançon. Dans un an, s’ils terminent leur formation, ils auront un travail assuré dans la métallurgie. A moins qu’ils ne choisissent de poursuivre en bac pro technicien en usinage. « Nous les formons à des métiers en tension, donc ce n’est pas étonnant d’avoir à peu près 100 % d’embauches relate Alice Cnockaert, chargée de recrutement. Mais au départ, ce n’est pas si évident, car nous recevons des jeunes en décrochage scolaire ».
L’Ecole accueille des jeunes de 15 à 18 ans, sans qualification, avec pour seul critère, « la motivation de se former, la volonté de mettre en œuvre un projet professionnel ». Pour entrer, un entretien et une immersion d’1 h 30 dans l’atelier sont les seuls préalables à l’engagement. La pédagogie : faire pour apprendre, avec 2/3 de pratique et 1/3 de théorie. « C’est progressif indique Alice Cnockaert. On commence en associant la pratique à du français, des maths, de l’histoire-géo, des disciplines techniques et on va vers la production et la mise en situation sans cours théorique ». Les élèves apprennent les réalités de l’usinage au contact de formateurs professionnels issus du métier. L’accompagnement sert à l’apprentissage des gestes techniques mais aussi au savoir-être. « Certains arrivent en sachant à peine mettre leurs chaussures et trouvent un emploi en sortant, sourit José Gemser, l’un des maîtres professionnels de l’école. On les fait passer à l’âge adulte ».
Les jeunes sont plongés dans les exigences du monde du travail : l’école fabrique des produits qui répondent à des réelles commandes. « Nous avons une centaine d’entreprises clientes, et parfois des particuliers, pour lesquels nous faisons des produits en série ou des pièces unitaires. Mais ce ne sont pas de grosses productions car les élèves sont d’abord là pour apprendre » explique José Gemser.
L’Ecole fait partie d’un réseau de 35 établissements sur le territoire, dont le premier date de 1892 ! Celui de Besançon est beaucoup plus récent puisque les premiers élèves sont entrés en septembre 2018 (1). « Nous l’avons créé pour faire face à une demande des entreprises du bassin d’emploi relate Jennifer Seppings, responsable communication de l’Union des industries et métiers de la métallurgie. Elles nous aident beaucoup car elles savent qu’elles auront des jeunes formés. En ce moment, dans nos métiers, tout le monde recrute ».
Actuellement, 1400 élèves apprennent un métier en Ecole de production. Le réseau annonce un développement prochain avec la volonté d’atteindre 10 000 apprenants en 2023.
S.P.
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