juin 2011

Educateur sportif : les atouts du temps partagé

En pariant sur ce mode, Profession sport a développé 34 emplois en 2 ans, dans un secteur où trouver du travail n’est pas évident. Regrouper les employeurs, annualiser le temps de travail : des moyens de pallier le morcellement des emplois du temps.
Photo Simon Daval

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La semaine, Germain Miny encadre du handball, de la gymnastique et de l’éveil sportif pour les 3-6 ans à l’association la Jeanne d’Arc, à Maîche. Le mercredi après-midi, il est au club de foot des Ecorces. Pendant les vacances scolaires, il travaille à la piscine de Maîche. Il est au service de trois structures, sous l’égide de la communauté de communes du Plateau maîchois. Mais son employeur, c’est le GEPSL qui le met à disposition de la communauté de communes. Groupement d’employeurs Profession sport loisirs : le nom d’un «outil réglementaire dont s’est doté Profession sport en 2007 pour suivre l’évolution du cadre juridique en matière de gestion de l’emploi partagé».
Pour faire court, Profession sport a été créé en 1990 dans 13 départements pilotes pour soutenir la promotion d’emplois sportifs. Peu d’entre eux ont aussi bien joué le rôle que celui du Doubs, qui est aujourd’hui également présent dans le Territoire de Belfort. Le GEPSL comptait 21 équivalents temps plein fin 2008 ; ils sont 55 aujourd’hui. Preuve qu’il existe des possibilités d’emploi dans le monde sportif amateur, hors Education nationale. Derrière cette histoire, une idée simple : rares sont les clubs à pouvoir salarier un éducateur, mais en mutualisant cela devient possible. Même si ce n’est pas toujours évident dans un monde où le bénévolat est de mise. «J’ai commencé à me consacrer au club de hand il y a 7 ans comme bénévole, raconte Germain. Petit à petit, je me suis fait connaître du monde sportif du plateau. Mais c’est moi qui suis allé voir la communauté de communes pour évoquer cette possibilité. Je pense que pour les clubs, avoir des professionnels à côté des bénévoles est important. Ne serait-ce que pour l’aspect administratif». Aujourd’hui, il est en CDD de un an à temps plein, 35 heures annualisées car les différences saisonnières sont une autre caractéristique de l’emploi sportif. A côté, il continue à donner du temps bénévole au club de rugby et pour s’occuper de l’équipe féminine de nationale 3 en hand. «Il faut vraiment être motivé, s’investir, se faire connaître, s’impliquer et pas toujours pour l’argent». Mais la patience a sa récompense. «J’ai toujours eu des bonnes notes à l’école donc j’aurais pu choisir une autre voie, mai j’ai toujours fait ce que je voulais. Je suis parti en Staps mais en y allant à fond car ce domaine me plaît. Aujourd’hui, je ne compte pas mes heures, mais c’est tellement bien que je n’ai pas l’impression de travailler». Dans la balance, beaucoup plus de positif que de négatif : «on rencontre du monde, on a une vie sociale riche, on bosse avec des gamins. Mais c’est vrai qu’on travaille quand les autres s’amusent. En outre, j'ai toujours pratiqué beaucoup de sports, donc la polyvalence n'est pas un souci. Au contraire, cela casse la monotonie».
Ekatarina Baer (photo ci-dessus) est russe. Après s'être mariée à un Français, elle s'est installée dans le Territoire de Belfort il y a 4 ans. Là-bas elle était sportive de haut niveau en skeleton, luge qui se pratique sur le ventre, tête en avant. Ici, elle a suivi une formation BPJeps activités physiques pour tous et travaille pour Profession sport. «Je suis salariée du GEPSL qui gère les salaires, congés, charges, etc. mais je suis mise à disposition du comité départemental d’athlétisme qui gère mon planning. Le CD90 me fait travailler auprès des clubs locaux, principalement l’Athlétic club Anjoutey-Bourg, l’AC Châtenois et le Montbéliard Belfort athlétisme. J’interviens auprès des jeunes de 7 à 13 ans, avec également du travail administratif. Je trouve que c’est un bon système car le poste provient de financements multiples du Conseil général, du Conseil régional et des clubs mais avec une gestion et un bulletin de salaire uniques».
La possibilité de financer des formations est un autre avantage du GEPSL. Clément Bruot prépare lui aussi un BPJeps activités physiques pour tous. Lui aussi salarié du GEPSL, mais à Besançon, il consacre un tiers de ses 35 h à sa formation et partage le reste du temps entre le développement des écoles de football de Clairs-Soleils et Planoise – St-Ferjeux et l’animation de Vital’été pendant les vacances. Titulaire d’une licence Staps, il a été embauché en 2009, en CDI emploi-tremplin. «Je suis sportif à la base et c’est vraiment ce que je cherchais, pouvoir allier l’éducatif et le sportif». Outre sa licence, il a un BE1 foot. Pour lui comme pour Germain, la terminologie est évidente : éducateur plutôt qu’animateur ou entraîneur. «Quand je suis arrivé dans les quartiers, c’était difficile car j’étais vu comme étranger. Il a fallu de la patience pour créer du lien, un temps d’adaptation, de la rigueur. C’est un métier où l’on doit être irréprochable pour rester crédible devant les gamins. Il faut imposer des valeurs, du respect, de la politesse et une fois ces bases posées, on peut passer au sportif».

Stéphane Paris

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professionsport.org

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