Au lycée Pergaud, à Besançon, les professeurs des classes préparatoires aux grandes écoles s’interrogent : il y a des places, des débouchés mais un nombre de candidats peu élevé.
« Ces dernières années, on n’a jamais fait le plein insiste Karine Adami, l’une des enseignantes.
Depuis parcoursup, il y a un phénomène naturel de désaffection pour les prépas, mais cela n’explique pas tout. Peut-être que certains n’osent pas postuler en raison de leurs notes, mais on prend des élèves à 11 de moyenne. Il n’y a pas besoin d’être un génie. » Et comme il y a autant de places dans les écoles de commerce que d’étudiants en prépa, chacun trouve une orientation à la sortie.
Le lycée Pergaud compte 3 prépas : ECS pour les bacheliers S, ECT pour les STMG et ENS-Cachan pour les S et ES (1).
« Cette année, en ECS et ECT, 81 % de nos étudiants ont intégré une école du top 15 ». Vic Jennan a même intégré l’une du top 7, EM-Lyon.
« Quand j’ai été admis au lycée Louis Pergaud, je pensais que je ne pourrais pas atteindre mes objectifs en n’étant pas dans une "grosse" prépa. Je réalise maintenant à quel point j’avais tort. Ma réussite au concours ne dépendait que de moi, de ma détermination et de mon sérieux. Je suis même convaincu que je n’aurais pas aussi bien réussi dans une prépa plus élitiste, avec une trop forte pression ».
"Rythme intense mais beau souvenir"
La réputation des prépas peut faire peur.
« Il y a beaucoup de travail, il ne faut pas se mentir, mais rien d’insurmontable » assure Karine Adami. Les anciens élèves confirment. Mehmet Öncü, ne travaille pas encore mais cela ne saurait tarder puisqu’il a réussi à intégrer l’Essec. Pour lui,
« le contenu des cours reste abordable mais la quantité rend primordial de les aborder avec méthodologie. Il s’agit là peut-être de la principale difficulté de la classe préparatoire : trouver un compromis entre la liberté de la vie étudiante et la rigueur demandée lors de ces deux années ».
Elodie Espanet, aujourd’hui auditrice senior chez Deloitte, qualifie la prépa de
« beau souvenir » et
« d’enrichissement » : « Un rythme assez intense mais où chaque jour était l’occasion de s’instruire de façon très diversifiée. J’en garde des méthodes de travail, de rigueur et surtout d’organisation que j’applique encore aujourd’hui. Et puis j’y ai rencontré certains de mes meilleurs amis. Dans la prépa de Pergaud, on ne se sentait pas en compétition, c’était plutôt comme une grande famille, nous étions tous solidaires ». Si tous deux n’occultent pas les sacrifices (
lire les interviews complètes ici), Elodie ajoute que la prépa est un choix qui
« n’engage pas tout de suite à la sortie du bac dans une voie et laisse le temps de se construire ».
Car un autre aspect peut venir expliquer le manque de candidats : la « concurrence » des prépas intégrées, par lesquelles on est déjà dans une école de commerce après le bac.
« Il faut rappeler que les écoles de commerce coûtent cher et dans un cursus, les 2 années de CPGE sont gratuites, contrairement aux écoles de commerce postbac, payantes dès la première année » signale Karine Adami. Le coût moyen de 10 000 euros annuel donne à réfléchir - mais il faut savoir que l'on peut effectuer ses études par l'alternance, donc sans coût. Mais le terme école de commerce lui-même est-il suffisamment attractif ?
« Il ne faut pas s’y restreindre. En réalité, il y a autant de débouchés que de secteurs de l’entreprise. La finance, le marketing mais aussi la logistique, la communication, l’audit, le contrôle de gestion ».
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