Une trentaine de chevaux, un manège couvert, une carrière semi-couverte, un internat : à Levier, en pleine nature, le lycée Lasalle offre des conditions optimales pour s’aguerrir aux nécessités des métiers avec des chevaux. Bénéfice supplémentaire pour les élèves, «nous sommes une grande famille assure Valérie Lapprand, directrice adjointe de l’établissement. L’équipe d’enseignants et d’encadrement s’implique avec une certaine solidarité. Par exemple, on rend systématiquement visite à chaque élève en stage même si c'est à l'autre bout de la France. Parmi les salariés, les départs sont rares, ce qui est un signe de bonne ambiance».
Le lycée de Levier, appartenant à l'enseignement agricole privé, est l’un des quatre établissements de la région à dispenser des formations aux métiers du cheval (1). C’est aussi le plus ancien et l’un des plus réputés, attirant des élèves de toute la France, malgré un coût d’inscription élevé. Il prépare notamment au Capa soigneur équidés, au bac pro conduite et gestion de l’entreprise hippique (CGEH), au bac pro CGE élevage et propose une option hippologie aux élèves de seconde. Soins et nourriture des chevaux, entretien des boxes sont assurés par les élèves, par demi-classe le matin avant d’aller en cours et par groupes de 3 le week-end. «Ils sont alors en autonomie dans l’établissement, gèrent leur logement, se font à manger eux-mêmes» souligne Dominique Tissot, coordinatrice de la filière CGEH.
Métiers exigeants
L’entrée exige un certain niveau. Les élèves passent un test à cheval d’une heure et un entretien avec le chef d’établissement. «Ces tests servent surtout à déterminer le choix de la formation, Capa ou bac pro. Mais nous ne sommes pas une école d’équitation, ni un centre équestre. En arrivant, les élèves doivent être à l’aise aux 3 allures, savoir sauter. Nous leur conseillons également de continuer à monter dans leurs clubs». A l'école, l'équitation n'est plus une distraction. Aux yeux des enseignants, il est important que les élèves conservent une activité de loisir, sous peine de lassitude.
«En venant ici, il faut savoir faire la différence entre cheval passion et cheval travail. Se professionnaliser, ce n’est pas tout à fait la même chose que de monter un poney le mercredi. Les métiers de la filière sont souvent exigeants. La condition physique est très importante». Pour aider les élèves (des filles à 95 %), Jean-François Barrère, enseignant d’équitation, s’est formé à la technique Alexander : «C’est à base de renforcement musculaire, de posture, avec l’idée d’être bon à pied pour être bon à cheval. Cette méthode permet au cavalier d’être plus tonique».
Les qualités demandées ne sont pas seulement liées à la pratique équestre : «courage, persévérance, dynamisme, engagement» insistent les responsables.
Les études passent par des périodes de stage. 14 semaines pour la filière CGEH dans des entreprises que les élèves doivent trouver. «C’est de plus en plus compliqué» ne cache pas Valérie Lapprand. Au même titre que les débouchés. Faibles en quantité (près de 150 000 emplois en France quand même), avec une certaine précarité en termes de temps de travail et de salaires, mais variés en qualité puisque les professionnels sont répartis en 28 familles d’activité. On pense à l’élevage ou aux centres équestres, peut-être moins aux domaines des courses, aux métiers de service, à ceux de la santé équine, à l’administratif… Chaque année, un voyage d'étude est organisé pour découvrir un des aspects de la filière.
Illustration de cette relative diviersité de débouchés, au cours de leur scolarité, les élèves abordent le spectacle équestre : avec les conseils de Benjamin Cannelle (troupe Jehol), les bacs pros conçoivent une prestation de A à Z et la présentent aux portes ouvertes du lycée et au salon du cheval à Micropolis. Dominique Tissot complète : «Parmi nos élèves de l’an dernier, 2 poursuivent des études d’ostéopathe pour chevaux, 2 sont en BP Jeps (brevet professionnel menant aux métiers de moniteur ou éducateur sportif), 1 en formation de groom (personne chargée de s’occuper du cheval d’un cavalier professionnel)… Après l’école, nous conseillons aux élèves de poursuivre leurs études.»
S.P.
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