A Lons-le-Saunier, l’entreprise SKF fabrique des pièces de structure (roulements et rotules) qui permettent aux avions de voler «en toute sécurité». Elles peuvent concerner le train d’atterrissage comme les volets des ailes ou les commandes de vol. Principal client : Airbus et ses filiales. Prestigieux – ce qui implique attente de qualité et un certain nombre de responsabilités, pas uniquement en matière de sécurité. «Nous voulons réduire l’empreinte carbone des clients de nos clients» est un des objectifs annoncés de la firme qui, outre la production, travaille sur la conception innovante de composites.
Comme tant d’autres sous-traitants de l’aéronautique, SKF n’a actuellement pas de souci de travail. «Vu les contrats d’Airbus pour les années à venir, nous ne sommes pas à plaindre admet Patrice Lallemand, responsable de production. Nous avons plutôt des problèmes de riches : comment absorber la charge devant nous, qui va augmenter énormément dans les années à venir et qui nous conduit à investir plus de 2 millions d’euros en nouvelles machines en 2015. On ne se pose pas la question de savoir si on va avoir du travail. On se pose la question de savoir comment on va faire le travail qu’on nous demande».
Spécialisée dans les roulements, SKF a plus d’un siècle d’existence. Son orientation vers un secteur de pointe en plein essor pourrait être un exemple pour d’autres entreprises franc-comtoise. L’Agence régionale de développement économique place l’aéronautique comme l’une des filières naissantes à surveiller : «les entreprises de Franche-Comté, héritières de l’expertise régionale dans le domaine automobile et des microtechniques, ont l’opportunité de se positionner sur le marché de l’aéronautique. Mécanique, microtechniques, électronique, hydrogène (énergie) ou encore traitement de surface, les entreprises franc-comtoises concentrent des savoir-faire essentiels, reconnus et recherchés par les donneurs d’ordres du secteur. On sait que la Franche-Comté jouit d’une image d’excellence reconnue par ce secteur d’activité : le temps-fréquence, la micro-mécanique ou encore les technologies liées aux matériaux composites. Tous les ingrédients sont donc, ici, réunis pour répondre aux défis que les constructeurs aéronautiques doivent relever».
Débouchés fiables
Autres atouts, la région dispose de ressources en recherche (Femto-ST, Utinam…) et en formations spécialisées grâce à l’Université, l’ENSMM et l’UTBM.
Résultats : portes d’entrée à tous les niveaux, des opérateurs aux chercheurs. Pour les jeunes, ce sont des débouchés relativement fiables. «Nous sommes aussi sur un marché cyclique, comme l’automobile, tempère Patrice Lallemand. Mais là, il semblerait que nous sommes en haut de la vague pour longtemps».
SKF fait partie des entreprises qui ouvrent leurs portes lors de la semaine de l’industrie. Une visite devrait convaincre les élèves que l’industrie n’est pas toujours ce que l’on craint. Il règne une ambiance sérieuse, mais chaleureuse. Significativement, de nombreux salariés restent plusieurs années, beaucoup jusqu'à la retraite, alors qu’ils possèdent un savoir-faire précieux. Leurs horaires : 5 h – 13 h ou 13 h – 21 h, en alternance une semaine sur deux.
Progression
de carrière
«Nous fabriquons de beaux produits, techniquement pointus. Il y a une certaine fierté à savoir que l’on contribue à faire voler des avions. Et tous nos opérateurs ont un niveau de responsabilité de ce qu’ils fabriquent, interviennent sur le réglage, les conditions de coupe. C’est un éventail de travail large et intéressant, nous n’avons pas de travail «presse-bouton». Et comme nous sommes dans un secteur qui évolue vite, il y a régulièrement des changements. L’une des qualités requises est même de savoir s’adapter rapidement. L’envie, la volonté d’apprendre constituent 50 % des compétences». Pas tout à fait la routine que le mot industrie évoque parfois. D’autant plus que la promotion interne est fréquente. «Tous nos chefs d’équipe étaient opérateurs il y a 10 ans. Les jeunes que nous embauchons aujourd’hui seront nos techniciens plus tard».
Mais le recrutement est parfois compliqué, quel que soit le secteur industriel, alors que des offres existent. «Sur notre site, on arrive à trouver dit Patrice Lallemand. Les ingénieurs viennent jusqu’à nous parce qu’on propose un travail intéressant. Les opérateurs, on les forme nous-mêmes, car il n’existe as forcément de formation adéquate. Si on a quelqu’un de motivé, on lui donnera les compétences techniques nécessaires».
Les filles sont les bienvenues. «Nous n’avons pas de pièce lourde, les conditions de travail sont plutôt bonnes. En section de montage, le personnel féminin est plébiscité pour sa patience et sa dextérité. En atelier, il n’y a pas assez de filles. Or elles apportent beaucoup car elles ont une manière d’aborder les problèmes différemment».
Conclusion : «l’aéronautique est porteur pour au moins 10 ans. Un jeune de 15 ans ne prend pas un gros risque en s’y orientant. Chez nous, on demande surtout de la rigueur, de l’adaptation. Le respect des règles est primordial et ici, on est forcément assez carrés».
S.P.
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