Les élèves de l’ISIFC ont une chance rare : ils ne connaissent pas l’une des principales préoccupations de la majorité des jeunes. «On sait que l’on va trouver facilement du travail, c’est quand même sécurisant !» estime Vicky, actuellement en 2e année à l’école d’ingénieurs de l’Université de Franche-Comté. «Notre problème est plutôt d’expliquer aux entreprises pourquoi elles n’arrivent pas à recruter confirme Vincent Armbruster, le directeur de l’institut. Le cursus comporte beaucoup de stages en entreprise. Cette année, nous avons 160 demandes pour 150 étudiants. C’est peut-être un peu trop confortable pour eux : ils n’ont qu’à se baisser pour ramasser».
Ceci explique en partie la bonne ambiance qui se dégage d’une école où les études sont pourtant intenses, pointues, de haut niveau. Autre raison, qui plaît elle aussi aux étudiants : la taille de l’établissement. Avec 50 élèves par promotion, ils sont 150 à suivre l’une des 3 années d’études. Les relations, le dialogue avec les enseignants sont facilités. «Tout le monde se connaît, les élèves n’ont pas peur de discuter avec les enseignants et nous sommes plus proches d’eux, nous pouvons plus facilement trouver des solutions personnalisées par rapport à ce qu’ils ont envie de faire».
Trois grands domaines
Les élèves sont destinés à devenir ingénieurs du dispositif médical. Définition de l’école : «le génie biomédical est l’art d’appliquer les sciences et les techniques à la conception d’appareils de diagnostic, de traitement et d’assistance au patient dans le but d’améliorer la qualité des soins». Au final, leur travail revient à faciliter celui des médecins et à rendre la vie plus facile aux patients. L’amélioration constante des dispositifs médicaux est une de leurs spécialités.
«Nous insistons pour que nos élèves partent du geste du chirurgien et le comprennent. Cela leur permet de tenir compte des contraintes réelles pour concevoir des dispositifs adaptés au geste médical et à l’environnement du bloc» insiste Vincent Armbruster. Mais le croisement entre la technologie et la santé recouvre plusieurs réalités et donc plusieurs métiers : ceux de la conception, du contrôle, de la qualité, de la recherche, de la gestion des équipements hospitaliers, etc. Avec 3 grands domaines : la biomécanique, l’e-santé et la bioingénierie. Le cumul de compétences est même triple puisque la culture réglementaire, primordiale dans le milieu de la santé, est une spécialité de l’Isi FC. Or le besoin des entreprises dans ce domaine est très important.
Née en 2001, l’ISIFC est jeune. Mais ses domaines en pleine évolution et l’environnement local autour du CHU, de Témis,de l’Université ou du projet Bio-innovation donnent lieu à une émulation qui favorise l’insertion des diplômés. 22 % d’entre eux trouvent du travail dans la région. Certains autres profitent de l’écosystème pour créer leur entreprise.
Mixité de profils
A cheval sur la technique et la santé, l’école se situe sur le campus de la Bouloie mais dispose également de 2 salles de cours à l’UFR de médecine. On entre à bac+2, soit sur dossier soit par le concours commun "Polytech". Il en résulte une diversité de profils avec des élèves venant de classes prépa scientifiques, de DUT, de BTS, de licence dans les domaines de la biologie comme de la physique ou de la mécanique. «En arrivant, ils n’ont pas tous les mêmes points forts. La première année vise à homogénéiser la promotion, mais la mixité des profils permet de dynamiser les études. Dans l’ensemble, nous avons un enseignement assez pratique. Du coup, ceux qui ont une culture manuelle et technique s’en sortent aussi bien que les autres» détaille Vincent Armbruster. L’intégration sur dossier passe par un entretien, une épreuve d’anglais et une sur ordinateur «où l’on vérifie qu’ils sont capables de rédiger car ils auront beaucoup de rapports à fournir. La sensibilité pour le domaine médical voir une expérience dans ce domaine sont des plus».
Les 3 années, alliant stages, cours, travaux pratiques et projets, sont conçues pour aller vers une professionnalisation croissante. De nombreux stages au long du cursus permettent aux élèves de s’habituer au monde du travail, jusqu’au stage industriel final de 4 mois minimum. L’école recommande de l’effectuer à l’étranger et 80 % des élèves suivent ce conseil. Et depuis 2006, elle possède une particularité nommée Biotika. A la fois entreprise au statut universitaire et module d’enseignement à l’entreprenariat, elle permet aux élèves qui le souhaitent d’évoluer dans une structure industrielle complète, avec départements ingénierie, projet, marketing…, au sein même de l’école et en situation de coopération réelle avec des établissements de santé ou des chercheurs. Au terme de leurs études, les élèves sont capables «de discuter à la fois avec des médecins et avec des chefs d’entreprises. Ils ont de grandes capacités d’adaptation».
Stéphane Paris
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