Parcours
Je suis originaire de Toulouse où j’ai passé un bac STG et un BTS communication et quand je suis arrivé à Besançon, j’ai changé de voie. J’ai contacté la Mission locale et comme j’étais attiré par tout ce qui est relatif à l’humain, au social, on m’a parlé d’un contrat aidé à l’Ehpad d’Avanne. J’y ai travaillé et j’ai découvert tous les métiers du soin et surtout un environnement qui me convenait, dans lequel je me sentais en confiance. Le cadre qui me suivait m’a formé pour préparer le concours d’aide-soignant et d’aide médico-psychologique – qui s’appelle aujourd’hui accompagnant éducatif et social. Cela m’a permis d’entrer à l’IRTS à Besançon. La formation m’a vraiment plu. Elle nous remet beaucoup en question dans nos pratiques mais aussi dans notre vision de l’humanité. Ce n’est pas seulement une formation technique, c’est une formation dont on ressort grandi, qui nous conduit à prendre du recul sur certains aspects. J’ai été diplômé en 2015 et j’ai fait 2 stages, à l’hôpital St-Jacques, en psychiatrie ado et à l’Ehpad de Quingey, dans l’unité protégée. Quand j’ai eu mon diplôme, on m’a proposé un poste. J’y exerce toujours, à la fois à l’unité protégée qui accueille des personnes avec troubles cognitifs et au service plus conventionnel.
Métier
A l’Ehpad, j’interviens sur tous les actes du quotidien : nursing, aide à la toilette, repas, coucher, etc. Mais le métier va plus loin que ça. De l’extérieur, on nous voit en blouses blanches alors qu’on dépasse cet aspect. On met aussi en place des animations, parfois avec des scolaires, avec le Pasa (pôle d’activités et de soins adaptés), on organise des ateliers spécifiques mémoire, cuisine ou autre pour des petits groupes de personnes ayant des troubles cognitifs. On participe aussi à des projets personnalisés pour évaluer ce qu’il faut mettre en place en termes d’accompagnement, de soins, en fonction des souhaits des résidents. C’est un métier de relations humaines qui implique des interactions avec les collègues, les résidents, les familles, les partenaires. Ce qui me plaît par rapport au public âgé, c’est la richesse qu’ils ont en eux en raison de leur vécu et les échanges qui en découlent.
Emploi du temps
Je fais un temps plein de 35 h. Je travaille un week-end sur deux et certains jours fériés. Les horaires sont variables, on peut commencer tôt, vers 6 h 30 comme finir tard vers 21 h. Donc il n’y a pas de routine particulière mais d’un autre côté, il peut être difficile de jongler entre vie privée et vie professionnelle.
Les Fossoyeurs (1)
Dans l’Ehpad où je travaille, on a la chance d’être épargné par tout ça, mais je comprends la colère des familles. De manière générale, la profession souffre d’un manque de moyens humains et d’un manque de temps. Cela porte préjudice à notre mission. Les résidents en souffrent et nous aussi. Quand on se forme à ce métier, il faut avoir en tête qu’entre ce que l’on apprend en cours et le terrain, il y a une différence. Dans cette situation globale, je suis dans un Ehpad où je me plais beaucoup car on est très bien accompagné. J’en connais où ce n’est pas pareil.
Covid
C’était assez compliqué avec le plan blanc (plan spécifique d’urgence dans les établissements de santé). Mais le plus compliqué, c’est de voir des résidents sans contact, de les voir se laisser aller. Certains ne sont pas morts de la covid mais de la solitude et c’était très très difficile de les accompagner. On essayait de mettre en place des conversations en visio mais pour les personnes en trouble cognitif, c’était impossible. On était impuissant. On n’avait pas les mots pour répondre à leurs maux. Tout la partie « humanitude » s’est effondrée en un rien de temps. Le problème est que la situation n’évolue pas. La Covid a montré que sans le social, c’est la mort assurée et rien n’a changé. Alors que tout le monde sait que l’animation et l’environnement social sont aussi importants que les soins de base, que social et soins ne font qu’un. La Covid n’a fait que confirmer que la santé psychologique est aussi importante que l’acte de soin technique.
Qualités requises
Il faut savoir prendre beaucoup de recul. C’est un métier qui demande beaucoup de cœur mais en même temps, il faut être capable de mettre de côté ce que l’on vit et ne pas ramener trop de charge émotionnelle chez soi, sinon on risque le burn out. C’est un peu un paradoxe : être à la fois très humain et savoir prendre du recul. Ensuite, il y a quatre mots clés : bienveillance, empathie, écoute patience. Parler, écouter, permettent de mieux soigner. Il faut aussi de la capacité d’adaptation et de la polyvalence. On peut être confident, animateur, pour certains on est le repère principal. On est un peu acteur. Parfois il faut mettre l’habit de clown et parfois être un peu plus fort psychologiquement. C’est un métier qui demande beaucoup d’implication avec un impact sur notre vie personnelle, avec des relations humaines qui nous enrichissent nous-mêmes.
Commentaires
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