En quoi consiste votre travail de céramiste ?
Je cherche à travailler les différentes facettes de ce métier même si je me spécialise dans les émaux d'art. Mais j'utilise aussi d'autres techniques comme le raku ou la terre vernissée et il m'arrive aussi de sculpter. Pour ce qui concerne les réalisations, je produis à la fois de l'utilitaire classique et des réalisations artistiques. Je passe beaucoup de temps à faire de la recherche sur les émaux, un domaine où l'on travaille de façon empirique, en faisant des essais à partir de différentes sortes de cendres végétales comme le foin, le cerisier, la vigne où le chêne. Mais le résultat est à chaque fois aléatoire et si l'on veut pouvoir retrouver une tei-te, il faut tout noter, du mode de cuisson à l'emplacement dans le four. J'essaie aussi de diversifier les émaux avec différentes techniques comme la cristallisation ou celle dite des gouttes d'huile. Ce qui est intéressant, c'est que l'on a tout dans la nature pour fabriquer. Même si on utilise aussi des logiciels pour chercher plus vite.
Est-il rentable d'avoir son atelier ?
Etre artisan d'art, c'est faire beaucoup d'heures pour peu de rentabilité, mais l'essentiel c'est de vivre de sa passion. Au départ, je ne travaillais pas dans ce domaine et je m'y suis intéressé de façon intensive depuis 5 ans. J'ai multiplié les stages, je suis allé aux beaux-arts à Besançon en auditeur libre et j'ai commencé à travailler aux céramiques d'Hyèvre. Avant de me lancer, je voulais bien voir la faisabilité du projet.
Est-ce viable actuellement ?
Oui, mais il faut être polyvalent, pas seulement rester dans son atelier. J'essaye de me faire connaître en participant à des expos, à des marchés de potiers ou à des manifestations comme celle des Métiers d'art, qui a eu un impact important. On peut s'appuyer sur certains organismes, commé la chambre de métiers de Besançon qui m'a donné l'opportunité d'exposer à Fribourg. D'autre part, je propose des stages notamment en milieu scolaire ou dans le cadre du plan local d'animation de la Ville de Baume-les-Dames. Et j'envisage, à condition d'avoir les autorisations nécessaires, de faire de la formation professionnelle. Dans l'ensemble, je ne m'enrichis pas ni ne compte mes heures, mais je fais vivre ma famille. Et je prends du plaisir tous les jours en entrant à l'atelier.
Est-ce que la vente marche ?
Oui, même si en voyant les prix, les gens ne comprennent pas toujours le nombre d'heures qu'il y a derrière. Et lorsque je fais de la création, ce sont des objets uniques, dans les teintes, les formes, l'expression plastique. Evidemment, les prix sont moindres pour les produits fabriqués à Taiwan que l'on trouve partout. Mais ces derniers durent moins longtemps.
Recueilli par SP
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