PARCOURS
Je me suis orienté par sensibilité environnementale et parce que j’ai toujours été pêcheur. Jeune, j’étais dans un club de pêche à la mouche dont le président travaillait au Conseil supérieur de la pêche. Avec lui, j’ai acquis une sensibilité à l’environnement et notamment aux milieux aquatiques. Après mon bac S, je ne me voyais pas partir pour de longues études alors j’ai opté pour un BTS en gestion et protection de la nature au lycée agricole Le Chesnoy près de Montargis. Après ma formation, j’ai raté le concours du conseil supérieur de la pêche et j’ai eu celui de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. A l’époque, il y avait 3 établissements qui travaillaient sur l’environnement, le 3e étant constitué des parcs nationaux. J’ai travaillé 13 ans dans l’Yonne où j’avais des missions de police de la chasse, de contrôle anti-braconnage, d’attention aux habitats et espèces. Ensuite, j’ai voulu venir dans le Doubs, pour la pêche à la mouche. Avec ses rivières karstiques, c’est un environnement que l’on trouve peu ailleurs en Europe. J’ai intégré la brigade mobile d’intervention en renfort de mission de police puis j’ai basculé au service départemental de l’ONCFS. En 2013, j’ai intégré l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques.
MISSIONS
J’ai une mission de police dans le cadre de l’application du code de l’environnement et du code de procédure pénale ayant trait à la protection des milieux aquatiques. Un milieu aquatique n’est pas forcément une rivière mais peut être une zone humide telle qu’une mare. Il faut savoir que depuis 50 ans, on a perdu 50 à 60 % des zones humides ! Nous avons en charge la surveillance de milieux et ressources en eau (pollution, prélèvements, atteintes), des espèces, de la chasse, le contrôle des autorisations en cas de travaux ainsi que de leur conformité. Depuis 1976, le code de l’environnement prévoit que tout doit être mis en œuvre pour réduire les impacts ou au moins les compenser. Mais réhabiliter est très complexe. Quand on détruit dans la nature, c’est difficilement réversible et reconstruire coûte cher. Environ la moitié de mon emploi du temps est consacrée à l’application du code de l’environnement, à partir soit de signalements, soit de constats lorsque je suis sur le terrain. Nous avons également une mission de connaissance et d’expertise des milieux aquatiques et des espèces, une mission d’appui et de conseil aux politiques de l’eau. J’interviens dans une zone comprenant le bassin versant de l’Ognon côté Doubs, le bassin versant du Cusancin et une partie du Doubs médian. Selon nos missions, on peut aussi développer des spécialisations par exemple sur les libellules, les coléoptères, l’ornithologie, la botanique. Pour ma part, c’est plutôt les amphibiens et les reptiles. Je fais aussi de la photographie pour l’OFB.
AVANTAGES ET INCONVENIENTS
J’aime la diversité des missions, avec une partie police mais aussi une partie sensibilisation qui demande des connaissances. On touche à beaucoup de choses, on rencontre des publics divers, des élus, des scientifiques, des promeneurs. Comme on est fonctionnaire de catégorie B, on a des passerelles vers d’autres secteurs de la fonction publique. Du point de vue des inconvénients, l’administratif a pris une place importante. Les procédures prennent du temps. Les horaires ne sont pas toujours évidents : on peut travailler le soir, la nuit, les week-ends, les jours fériés. Et puis la fonction de police implique un métier à risques. Il ne m’est jamais arrivé d’être en situation de légitime défense, mais c’était parfois borderline.
QUALITES NECESSAIRES
Il faut des connaissances en environnement, en biologie et également en français car on rédige des avis techniques. On est en contact avec le public donc il faut savoir parler, communiquer, être à la fois conciliant et ferme. Notre mission de police exige de savoir garder son sang-froid. Au concours, il y a un test de personnalité car on est amené à porter des armes. Il faut être sportif. On marche beaucoup avec parfois des missions éprouvantes physiquement. Et puis, malgré la sensibilité environnementale, il faut d’une part avoir conscience que nos convictions ne sont pas forcément celles de l’Etat et que d’autre part on ne va pas tout régler. Il est parfois difficile de constater que la tâche est gigantesque, que la chute de la biodiversité prend des proportions incroyables et s’accélère. Face à ça, on peut avoir un sentiment d’impuissance.
Recueilli par S.P.
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