Des records sans cesse battus depuis les années 70. Des perspectives à long terme plutôt positive puisque l’Organisation mondiale du tourisme table sur un nombre de visiteurs doublant d’ici dix ans. La possibilité de travailler localement mais aussi, pour celui qui veut voyager, de chercher du travail partout dans le monde. Et avec ça, des emplois non délocalisables, de contact humain, souvent d’extérieur.
Le secteur a tout pour plaire. Et sans conteste, il attire. “Beaucoup de filières peuvent mener à ces métiers ajoute Annabelle Vida, directrice de l’office de tourisme du Pays d’Ornans-Loue-Lison dans le Doubs. On voit toutes sortes de CV. Des gens qui ont fait des études de tourisme, mais aussi d’AES, d’économie, de géographie, d’environnement se retrouvent sur ces métiers. Du coup les places sont quand même assez chères”.
A ce panel on peut ajouter les diplômés du sport, directement concernés par l’industrie du loisir et à un degré moindre ceux des langues, car le maniement de l’anglais et d’une ou deux autres est un atout clairement apprécié des employeurs.“Quand on accueille, c’est toujours plus agréable de pouvoir parler dans la langue de son interlocuteur” insiste Annabelle Vida.
Elle-même n'a pas vécu une recherche d'emploi compliquée : “j’ai eu le premier poste en répondant à la seule annonce qui correspondait à mon profil après mes études. Le second, on me l’a proposé” déclare cette pontissalienne d’origine. Il faut dire que son bagage est solide : d’abord un IUP¨à Besançon pour s’orienter vers l’aménagement du territoire (“j’étais attirée par le service public, la conduite de projets, le travail en partenariat”) puis un léger infléchissement d’orientation vers le tourisme, découvert notamment lors de stages dans les Alpes. “J’ai suivi un master en aménagement touristique à Lyon, ce qui m’a donné l’approche clientèle, marketing, promotion, communication”.
Si elle avait un mot-clé pour caractériser son travail, c’est savoir-être. Celui qui permet d’être interlocuteur à la fois des prestataires et des clients, du secteur public comme du privé, d’accueillir le client de bonne humeur comme celui qui n’est pas satisfait. “Dès que cela ne va pas, cela revient vers nous. Que ce soit un hébergeur qui pense qu’on ne lui envoit personne, un pêcheur qui ne trouve pas de poisson ou un élu qui estime que cela ne va pas assez vite... Mon métier, c’est d’abord une dynamique de réseau et de relations humaines avec les élus, les hébergeurs, les prestataires, les commerçants et les touristes. On est un peu l’interface entre eux. Et puis il faut avoir des compétences en gestion de projet”.
Pour les jeunes formés, l’animation touristique dispose d’un panel vaste de prospection : lieux de vacances et entreprises du secteur, mais aussi agences de voyage, lieux d’accueil et d’information, services touristiques des collectivités locales.
Deux BTS ont été mis en place pour répondre aux besoins spécifiques : l’un orienté vente de produits, l’autre pour l’accueil et l’information. Julie Thiébaud a obtenu son BTS à Dole, travaillé en agence de voyages puis à l’office du tourisme d’Ornans.
Pour elle, “ce sont deux approches complètement différentes. La première comporte un aspect commercial, la seconde est plutôt dans l’information et la promotion”. Autant le savoir avant de s’orienter.
Dans l’exercice du métier proprement dit, les professionnels ont du mal à trouver un côté négatif. En cherchant bien, Emmanuel Caillot, gérant de Syratu Tourisme Loisirs à Ornans, en trouve : “on vit à contre-courant. On travaille quand lesautres sont en vacances ou en week-end. Et cela occasionne des écarts d’activités qui se lissent sur l’année : des périodes où on fait de gros horaires, où on ne parle pas de congés et d’autres plus creuses où l’on peut récupérer”.
En raison du caractère très saisonniers des activités, la très grande majorité des emplois sont des CDD. Dans le Doubs par exemple, le nombre de salariés passe d’environ 5800 en hiver à 7300 en été. Evidemment, les visites guidées sont plus nombreuses pendant les vacances. Conséquence : il faut être polyvalent, parfois exercer plusieurs activités. “C’est un métier où l’on doit s’adapter note Emmanuel Caillot. Il y a des années où on ne pouvait pas faire du canoë sur la Loue, alors on a fait du rafting. Les jours où l’activité est faible, on va les passer à améliorer les lieux d’accueil. Ramasser les papiers, nettoyer le parking, ça fait aussi partie du métier”.
La capacité d’adaptation est une des clés. “On est toujours soumis aux aléas, ceux de la météo, des conditions naturelles, de la conjoncture économique. Cela demande une adaptation constante. Il faut le savoir, mais si on veut un contexte de travail qui ne bouge pas, il ne faut pas faire ce métier” souligne Emmanuel Caillot. Sinon, il y a une chance d’y trouver satisfaction comme le conclut Annabelle Vida : “la France est le premier pays touristique, avec une qualité d’accueil marquée. Pour quelqu’un qui est motivé, il y a moyen de travailler dans le tourisme. Ce peut être aussi en passant par l’entrepreneuriat”.
S.P.
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