Il existe des entreprises pérennes qui risquent de disparaître faute d’activité. Dans l’artisanat, les services, le commerce ou l’agriculture, les offres de société à reprendre sont nombreuses. Il suffit de feuilleter le trimestriel “C’est à vous de jouer !” réalisé par la chambre de métiers et de l’artisanat de Franche-Comté : le dernier numéro recense 200 annonces dans toute la région. Et non seulement ce total n’est pas exhaustif mais les annonces sont solides : la plupart des offres ont fait l’objet d’une visite et d’un prédiagnostic par un technicien de la chambre. Du côté de la chambre de commerce et d’industrie, on a noté le besoin grandissant de mieux exposer ce marché : après une étude de ce qui existe et de ce qui manque, une cellule spécialisée va être mise en place l’été prochain.
“Reprendre une entreprise est plus facile qu’en créer une, car l’existant est déjà là” souligne Sébastien Le Ret de Cré-Entreprendre, organisme bisontin spécialisé dans l’aide à la création et à la transmission. “Et le taux de pérennité est effectivement beaucoup plus important pour les reprises”. Des témoignages diffusés sur le site de la chambre de métiers de Franche-Comté pointent un autre avantage : “quand on change de métier, c’est plus facile de pouvoir reprendre quelque chose d’existant”.
Les jeunes ne sont pas forcément sensibles à ce gisement d’emplois à explorer mais. D’après la chambre de métiers, la moyenne d’âge du repreneur est de 39 ans. Dix de plus que celle des créateurs. “Les repreneurs sont plus dans le cadre d’une deuxième carrière” explique Catherine Bongain. Les jeunes ont peut-être plus envie de lancer leur projet, de faire à leur idée. Le marché ne devrait pas se tarir : là comme ailleurs, la pyramide des âges va produire ses effets. D’après Sébastien Le Ret “c’est une question qui va poser des problèmes demain, notamment dans le domaine des très petites entreprises”. La chambre de métiers estime à 1 sur 4 le taux de départ en retraite des artisans d’ici 5 ans. “Et il n’y a pas que cela. Certains déménagent, veulent changer de métiers, préfèrent redevenir salarié”.
Leur succéder ne se fait cependant pas d’un claquement de doigts. Ni dans le cas des entreprises artisanales où c’est la personnalité du repreneur qui va faire la reprise, ni dans celui des PME où l’adaptation à l’existant est plutôt de mise. “C’est une démarche qui reste compliquée” admet Catherine Bongain qui suit depuis longtemps le dossier à la chambre de métiers du Doubs. “Même si légalement, dans la plupart des métiers, il faut à la base un CAP ou 3 ans d’expérience”.
Ceux qui ont franchi le pas témoignent : administrativement, financièrement, juridiquement, le dossier donne lieu à un parcours du même ordre que pour une création pure. Les organismes spécialisés et les collectivités aident d’ailleurs indifféremment créateurs et repreneurs. Le cheminement est semblable. Les aides et prêts accessibles sont les mêmes. Les banques aussi difficiles à convaincre. Les qualités à démontrer très proches : enthousiasme, confiance, conviction. Et la nécessité de solliciter conseils et accompagnement aussi importante. “Le repreneur doit prendre son bâton de pèlerin et faire le tour de tous les gens susceptibles d’avoir des infos sur les entreprises à céder” dit David Atechian, de la chambre de commerce et d’industrie du Doubs. “On ne traite pas les choses de façon différente car nous partons du projet initial du candidat indique Sébastien Le Ret. La création est une aventure, la reprise une affaire d’opportunité. La création est peut-être moins contraignante car elle se fait où, quand et comment vous voulez. Tandis que pour une reprise, il faut attendre l’opportunité qui correspond à ses souhaits. Sans être sûr de trouver ce qui collera exactement”.
Pour qui sait être patient, une fois l’affaire trouvée, la mise en train sera peut-être plus rapide. “La différence, c’est qu’on est tout de suite dans le vif du sujet. Tout est déjà là. C’est livré clés en mains” souligne Catherine Bongain. “Personnellement, mais c’est aussi mon travail, j’inciterais plus à la reprise d’une entreprise qu’à la création. L’avantage est que l’on peut aussi utiliser l’existant pour créer autre chose, se développer. Se servir de cet existant comme d’un tremplin pour aller plus vite est une alternative intéressante à la création”.
Stéphane Paris
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