Maël, 24 ans, actuellement salarié d’Amenothès, a compris très tôt qu’il avait choisi la bonne voie : “dès les premiers cours en BTS à Chaumont, je savais que c’était ça. J’ai aussi vite compris que je devrais quitter la Haute-Marne, d’où je suis originaire, car les boulots sont dans les grandes villes”. Aujourd’hui, il est à Besançon, “où le marché est restreint” mais il pense qu’un webmaster diplômé peut trouver facilement du travail à Paris ou à Lyon. Lui-même n’a “jamais eu le temps d’en chercher” : son BTS a été suivi d’un DUT à Dijon puis d’une licence pro à Besançon, avant 2 CDD dans une première entreprise puis une embauche chez Amenothès dans la foulée. “A l’école, j’ai appris beaucoup plus de choses que je n’en utilise, notamment certains langages informatique. Mais on approfondit plus certains aspects une fois qu’on travaille. C’est un domaine où il faut perpétuellement se mettre à jour, ne pas rester sur ses acquis. Il faut également avoir une capacité d’adaptation pour répondre aux souhaits et problèmes des clients”. Xavier, 31 ans, a lui aussi un parcours représentatif de sa branche, le graphisme : “j’ai beaucoup appris en autodidacte, par passion, avec des formations courtes pour valider mes acquis. J’ai eu une période pas évidente où j’ai travaillé pour plusieurs petites startups et où j’ai connu 3 licenciements économiques”. Depuis 4 ans chez Amenothès, il voit le métier de graphiste “assez saturé en ce moment, car il est à la mode avec beaucoup de formations. Les jeunes ne doivent pas hésiter à bouger s’ils veulent trouver du travail”. Point commun avec les développeurs, une nécessaire passion : “le graphisme évolue vite, il faut se tenir à jour, continuellement regarder ce qui se fait, tout en se renouvelant et en cherchant des idées neuves”. Essentiel selon eux : être passionné d’informatique, "cela permet de ne pas craindre les contraintes techniques que l'on rencontre inévitablement".
Webmaster ou le maître de la toile. Comme tout ce qui vient des nouvelles technologies, le terme est anglo-saxon, parfois vaguement francisé en webmestre. Un terme à la fois précis et vague : de façon générale, le webmaster a pour mission la création, l’animation et la maintenance d’un site internet. Mais cette définition recouvre des réalités différentes selon le statut (salarié ou indépendant) ou la taille de l’entreprise, selon que l’on soit embauché pour gérer l’intranet d’une grande entreprise ou que l’on travaille pour un organisme spécialisé dans la création et la gestion de sites. L’intitulé se scinde lui-même en deux grandes fonctions : le graphiste qui a en charge la charte graphique et l’aspect visuel des pages d’un site et le développeur qui intervient à partir du moment où bases de données et programmation doivent être inclus. Son rôle inclut également assurer le suivi, l’évolution, la maintenance du site.
“Un webmaster peut également être référenceur ajoute Arnaud Godfroy, directeur commercial d'Amenothès. Sa mission est alors de travailler à rendre un site facilement trouvable sur le net”. Ces fonctions se succèdent dans l’élaboration d’un site mais les différents webmasters sont également amenés à travailler de concert. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ces informaticiens ne sont pas des solitaires face à leur écran. Développeur et créateur de site internet depuis 2001, Amenothès compte aujourd’hui 4 conseillers commerciaux, 2 graphistes, 2 développeurs, 1 référenceur et 1 chargée de projet en plus du directeur, Frédéric Gevrey. Schématiquement, la création d’un nouveau site passe de la demande d’un client au commercial qui transmet au graphiste puis au développeur puis au référenceur. En permanence, les relations d’équipe, les discussions, les contacts avec le client sont nombreux et nécessaires. “Auparavant, une personne pouvait créer un site seule. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas pense Frédéric Gevrey. Le métier de webmaster s’est développé en spécificités”.
Une branche, deux métiers
Il en découle des profils de métiers différents. “On demande plutôt de la créativité à un graphiste tandis qu’un développeur doit savoir programmer, être rigoureux et méthodique indique Arnaud Godfroy. Si l’on recrute un graphiste, on le met devant un ordinateur, on lui donne un exemple concret et on voit s’il est doué ou pas, s’il a une touche artistique. Pour un développeur, on va plutôt s’intéresser au CV et aux diplômes, à sa maîtrise des outils”. Comme aux débuts du web, il existe encore de nombreux autodidactes chez les graphistes, des jeunes souvent passionnés d’internet et de jeux vidéo qui construisent eux-mêmes leurs compétences. Du côté des développeurs, ce n’est plus le cas. Passer par la formation est incontournable. Ces métiers ont évidemment suivi l’évolution économique du net. Des recrutements à tour de bras lors de l’âge d’or des startups puis la crise avec l’éclatement de la bulle et une certaine stabilité aujourd’hui. La profession figurait même parmi les plus porteuses d’avenir selon différentes études parues l’an dernier. La crise financière vient aujourd’hui tempérer cet optimisme mais la présence voire l’omniprésence des nouvelles technologies dans la société rend ces métiers durablement installés. “En Franche-Comté, il y a une grosse évolution depuis 2004 note Frédéric Gevrey. On a vraiment senti une prise de conscience de la nécessité du net à cette époque. Depuis, le nombre de projets augmente chaque année. Nous avons actuellement la charge d’environ 400 sites. Comme nous travaillons avec tous les secteurs d’activité, la diversité de notre clientèle nous a permis, jusqu’à présent, de ne pas trop ressentir les effets de la crise”.
Stéphane Paris
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