Le télétravail revêt différentes formes dont la plus novatrice par rapport à nos habitudes est la possibilité pour les salariés d'une entreprise de ne plus y être présents physiquement, comme le rappelle un document de présentation émanant de l'Université de Franche-Comté : « Presque tous les collaborateurs d'une entreprise peuvent télétravailler aujourd'hui : ceux qui traitent des opérations tertiaires (facturation, secrétariat), les commerciaux, les personnels de maintenance technique, les cadres et dirigeants ». Mais il y a loin de la virtualité à la réalité. Dans l'entreprise, l'idée du travail à domicile sonne un peu comme la ville à la campagne, une idée incongrue. Son développement se heurte à la traditionnelle culture d'entreprise : que ce soit l'amélioration de la productivité, la réduction des coûts ou la souplesse en termes d'horaires, aucun atout ne résiste à un inconvénient majeur, la volonté des chefs d'entreprises de voir leur personnel présent dans l'entreprise. Ingénieur du CRPME, (Comité régional des dirigeants des petites et moyennes entreprises de Franche-Comté), Bernard Wechlein a mené une étude des besoins locaux, dont la conclusion est on ne peut plus claire : « A peine 5 % des chefs d'entreprise disent pourquoi pas au télétravail à domicile. Dans l'entreprise, à part pour les pays nordiques en hiver, ils ne voient pas bien l'intérêt ». Délégué régional du CRPME, Jean-Luc Mussard confirme cette idée : « Les PME, c'est d'abord le contact, les relations humaines, des patrons fiers de voir leur personnel dans l'entreprise, une certaine convivialité. C'est aspect est un frein au télétravail, de même qu'un manque d'habitude du multimédia. Mais il n'est pas exclu pour certaines professions comme les commerciaux ou lorsqu'il s'agit de faire réaliser un travail hors de l'entreprise ».
Créer sa propre activité
Télétravail ne se résume pas à travail à domicile. Qu'on le nomme téléservice, télétravail pendulaire ou télécottage, le mot regroupe en fait tout ce qui est travail à distance grâce à l'informatique. Autrement dit, il entre en jeu dans un nombre croissant de métiers. Participant à un projet international de développement du télétravail (nommé EVENT), l'Université de Franche-Comté a démarré des modules de formation continue l'an dernier, sous la responsabilité de Jean-Pierre Vienney : «Même si ce n'est pas à l'intérieur de l'entreprise qu'il y a le plus de possibilités, l'un de nos rôles reste de sensibiliser les entreprises aux potentiels du télé-travail. Dans ce cadre nous organisons des forums sur le télétra-vail comme celui du 9 octobre dernier sur le campus de la Bouloie. Mais depuis le début des formations, les deux tiers des stagiaires s'orientent vers la création de leur activité, de leur propre structure. Ils proposent de la sous-traitance, notamment dans le tertiaire, en particulier du commercial et du secrétariat. Ces possibilités sont les plus
adaptées au télétravail. En France, on compte moins de 1 % de télétravailleurs alors que dans les pays anglo-saxons le taux est de 7,5 %. Donc chez nous, même si ce n'est pas extensible à l'infini, c'est encore multipliable. Et ici on note également une volonté des pouvoirs publics de développer les créations dans ce domaine ».
Atout pour ces travailleurs indépendants : ils peuvent offrir leurs services à divers employeurs. En termes de création d'emploi, l'enjeu se situe essentiellement là. Mais, comme tout ce qui concerne les nouvelles technologies, le télétravail représente aussi une nouvelle façon de travailler pour un certain nombre de professions. Le projet EVENT était sous-tendu par l'idée qu'il « est désormais facile d'imaginer que la communication entre l'entreprise et ses clients, ses fournisseurs ou ses sous-traitants abandonne le support papier pour s'établir autour des techniques nouvelles dont l'utilisation est sans cesse plus aisée, conviviale, rapide ». Il s'agit donc purement et simplement de maîtrise et connaissance de l'informatique et de ce qui s'ensuit : multimédia, modem, banques de données, visioconférence, courrier virtuel... C'est dans cet esprit que l'Université a lancé en 97 des modules de formation continue comme «devenir télétra-vailleur» ou «créer votre entreprise de télétravail» dont certains seront reconduits cette année, en direction des demandeurs d'emploi. Car si le télétravail créé peu d'emploi, le maîtriser reste un atout pour en trouver.
Stéphane Paris
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.