C’est un métier rare et ancien (1). D’après l’Onisep, les maréchaux-ferrants sont actuellement 1700 en France, chiffre en hausse ces derniers temps. Majoritairement des hommes et majoritairement des artisans qui travaillent à leur compte. Simon Dateu est l’un d’eux. Depuis 2015, ce Haut-Saônois sillonne le département, et même plus, pour se rendre dans les écuries avec son véhicule équipé d’une forge ambulante et de tous les outils nécessaires, rogne-pied, râpe, pince, rénette, etc. En ce mercredi de décembre, il intervient dans le Doubs au centre équestre l’Etrier bisontin et doit s’occuper de plusieurs chevaux dans l’après-midi. Parmi eux, Cosmos, un grand étalon, dont il entretient les sabots sous les yeux intéressés de plusieurs enfants du centre. Pendant environ ¾ d’heure, les tâches se succèdent méticuleusement : retirer le fer, parer (enlever l’excédent de corne) et nettoyer le sabot, chauffer le fer pour l’ajuster et enfin le fixer sur l’animal. Le placement du fer chaud sur le sabot engendre une ambiance enfumée spectaculaire. Cosmos ne bronche pas, habitué à un exercice nécessaire tous les mois.
« Ce n’est pas toujours comme ça signale Simon.
Si un cheval bouge, il faut savoir faire la différence si c’est parce qu’il a mal ou parce qu’il est jeune ou parce qu’il n’a pas envie. C’est un métier d’expérience. On doit connaître les chevaux, savoir gérer leur comportement, même si ce n’est pas à nous de leur apprendre à lever la patte ».
Avant d’exercer, Simon a fait 7 ans d’études : un CAP palefrenier soigneur au
lycée agricole Mancy à Lons, un BEP à Verdun puis un BTM (brevet technique des métiers) maréchal-ferrant à Marvejols. Pour ces deux diplômes en apprentissage, il était chez un patron à Auxerre.
« Je voulais faire les choses bien, dit-il.
Je ne connaissais pas du tout le cheval et ce n’est pas en deux ans qu’on apprend ! En tout cas, je pense que le CAP ou certaines formations courtes qui existent ne suffisent pas. Et l’apprentissage est vraiment adapté à ce métier. » Mais il avait cette idée en tête depuis longtemps.
« Petit, j’avais des voisins qui avaient des chevaux et j’étai attiré par la forge. Quand j’ai vu travailler un maréchal-ferrant, je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. »
C’est aussi un métier difficile physiquement, avec des postures pas forcément recommandées pour le dos. Le maréchal-ferrant est souvent courbé au-dessus de la patte du cheval.
« Il faut faire du sport à côté admet Simon.
C’est aussi un métier d’extérieur. Il ne fut pas avoir peur d’être souvent dehors, avec les intempéries. Cela dit, ma saison principale d’activité, c’est l’été. L’hiver est plus calme ». On a compris qu’il ne faut
« pas être douillet, ni avoir peur des chevaux ». A ces qualités, Simon ajoute rigueur, sens du contact et ponctualité car c’est aussi un métier de relations avec une clientèle de centres équestres ou de propriétaires de chevaux - mais aussi d’ânes, de poneys, de mules, parfois même de vaches et bœufs. Enfin, il faut maîtriser l’autre face du métier, la forge, le travail du métal avec le feu.
Outre la satisfaction d’exercer à son compte, Simon Dateu continue à apprécier ce métier de contact avec l’animal et l’idée d’en prendre soin.
« Quand un propriétaire m’envoie la vidéo de son cheval qui galope, je suis content ! ».
S.P.
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